Le tournoi de tennis des Jeux paralympiques, qui vient de commencer, se tient au stade Roland-Garros, à Paris. En mai dernier, juste avant les Internationaux de France, C’est dans ta nature était allé à la rencontre du fauconnier de Roland-Garros et de sa buse dressée à chasser les pigeons. (Rediffusion du 26 mai 2024)
« Allez viens ma Louloute ! » Louloute, en réalité, s’appelle Nova. C’est un jeune rapace de trois ans, une buse de Harris (ou petit aigle du Mexique) qu’appelle Michaël, le fauconnier de Roland-Garros, le stade parisien où se déroulent chaque année les Internationaux de France de tennis. Michaël, fauconnier qui travaille avec des buses et pas des faucons, siffle et claque la langue pour appeler Nova, et le bel oiseau aux plumes couleur fauve se pose sur son avant-bras protégé par un gant en cuir.
Mais Nova est agitée, bat des ailes, et remue la clochette accrochée à l’une de ses pattes. « C’est le micro qui doit la stresser… », estime Michaël, quand soudain la buse prend son envol. « Là, elle a vu un pigeon ! En fait, il y en a deux qui sont partis du sapin. Donc elle a fait son job. » C’est effectivement le travail de Nova et des deux autres buses de Michaël tout au long de l’année : éloigner les pigeons, les plus visibles (certains diront les plus nuisibles) des oiseaux parisiens.
De la viande en récompense
Nous voilà à présent dans le court central, recouvert ce jour-là, où un rouleau compresseur prépare la terre battue, avant le début du tournoi. Tout en haut des tribunes, Nova s’est envolée vers l’écran géant. « Elle a peut-être aperçu quelque chose, relève le fauconnier, qui se met à siffler. Je vais la rappeler. » Quelques grands coups d’ailes au-dessus du court central, et la buse revient sur le bras de Michaël. « On rappelle l’oiseau à venir sur le gant, toujours avec la petite récompense, le morceau de viande, et là l’oiseau, en toute confiance, revient sans problème vers son fauconnier. »
La confiance est essentielle entre le fauconnier et son oiseau, retiré de ses parents dès l’âge de trois mois. « Dans les premiers temps, l’oiseau doit prendre confiance, ne pas avoir peur de la personne qui l’a au bout du gant, poursuit Michaël. Et une fois qu’il arrive à se nourrir sur le gant, on commence vraiment le travail, l’affaitage, le dressage pour les oiseaux. »
Climat d’insécurité
Depuis une dizaine d’années, à Roland-Garros, on emploie des oiseaux pour chasser d’autres oiseaux. « C’est essentiellement pour que les pigeons ne prennent pas l’habitude de venir se nourrir dans les tribunes, explique Michaël. On évite aussi que de jeunes pigeons qui sont nés sur place ne reviennent les années suivantes pour nicher et se reproduire dans le stade. On est là pour effaroucher, donc faire peur aux pigeons, qu’ils aient l’impression d’être attaqués et poursuivis par le rapace. On crée un climat d’insécurité. Il faut que la proie se sente vraiment menacée et se dise : c’est peut-être chaud de revenir ! » Une précision s’impose : aucun pigeon n’a été tué ni maltraité pendant ce reportage.
La question de la semaine
« Pourquoi mon chien va chercher la baballe ? »
N’oubliez pas que votre chien descend du loup, et instinctivement, pour lui, une balle de tennis qui rebondit dans tous les sens lui rappelle la course effrénée d’une proie. Et pourquoi le chienchien ramène la baballe à son maître ou sa maîtresse ? Pour la même raison : comme le loup ramenait la proie qu’il venait de tuer dans sa tanière. Des études ont montré que ce jeu de balle provoquait chez le chien une explosion de dopamine, l’hormone du bonheur. Chez un joueur de tennis comme chez un chien, la balle c’est de la balle !
À lire aussiDes oiseaux, des renards et des avions
Source du contenu: www.rfi.fr