C’était un engagement des pays riches : l’OCDE confirme que l’objectif de 100 milliards de dollars d’aide climatique, tous les ans, à destination des pays les plus pauvres, a été atteint en 2022. Un retard de deux ans pour y parvenir a néanmoins créé de fortes tensions dans les négociations climatiques. Malgré cette avancée positive, il n’est pas certain que la confiance revienne.
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C’était une dette « morale » des pays riches à l’égard des pays en développement. Les plus grandes économies de la planète, principales responsables du réchauffement climatique, s’étaient engagées à leur fournir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour financer leur transition et leur adaptation. Les pays riches s’étaient engagés en 2009, sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC). L’OCDE confirme qu’il aura fallu attendre deux ans de plus pour que la promesse soit tenue, mais ce ne sera pas forcément suffisant pour restaurer la confiance abîmée par ces aléas. Face aux catastrophes climatiques qui se succèdent, cette somme de 100 milliards de dollars est, en effet, loin d’être suffisante. Elle devra être réévaluée, comme l’explique Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat chez Oxfam, au micro de Simon Rozé :
« La majorité des financements fournis par les pays riches aux pays en développement pour le climat le sont sous forme de prêts. D’après l’OCDE, en 2022, cela représentait quasiment 70% de prêts. Cela contribue, dans certains cas, notamment pour les pays en développement qui sont les plus vulnérables et les plus endettés, à renforcer la crise de la dette. On n’est pas du tout sur un niveau d’aide satisfaisant. »
Une discussion qui sera à l’agenda de la prochaine COP29 en fin d’année, les négociations ont déjà commencé et s’avèrent compliquées. Ces fonds servent en majorité à financer la décarbonation de l’énergie et des transports, ainsi qu’à aider les pays pauvres à sécuriser leur approvisionnement en eau, notamment pour l’agriculture, à reforester et à des travaux d’assainissements, afin de s’adapter aux conséquences des phénomènes climatiques extrêmes dans un monde déjà 1,2°C plus chaud qu’à l’ère pré-industrielle. Mais le retard pris pour honorer cet engagement est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations climatiques internationales. Nombre de pays en développement conditionnent leur sortie progressive des énergies fossiles aux efforts financiers des pays riches.
Les négociations restent serrées
S’accorder sur le nouveau montant de cette aide au-delà de 2025 est le principal résultat attendu en novembre à la 29e Conférence climatique des Nations unies, présidée cette année par l’Azerbaïdjan. Le montant restera quoi qu’il arrive très en deçà des besoins, évalués à 2 400 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour les pays en développement (hors Chine), selon un calcul d’experts de l’ONU. Mais il est censé incarner un signal géopolitique influant sur le reste de l’économie mondiale. L’Inde a proposé un nouvel objectif de 1 000 milliards de dollars. Mais ce chiffre démultiplié est vu comme une provocation par les pays développés, qui soulignent le poids pris par d’autres pays, comme la Chine ou les pays du Golfe, dans le bilan mondial des émissions de gaz à effet de serre.
Dans le détail, l’aide climatique des pays riches, de 89,6 milliards de dollars en 2021, a augmenté de 30% en 2022, selon l’OCDE, qui salue « une augmentation très significative, la plus forte sur un an », dépassant ses projections. Mais selon Harjeet Singh, activiste climatique, « Il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais d’intégrité et de soutien véritable : les pays riches doivent de toute urgence agir, dissiper ces écrans de fumée et apporter un soutien financier réel et substantiel ».
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