Questions d’environnement – Changement climatique: nouvel enjeu électoral aux États-Unis?

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En cette année électorale aux États-Unis, le changement climatique s’invite dans la campagne. Au-delà les préoccupations telles que l’inflation, l’immigration, le droit à l’avortement ou les menaces qui pèsent sur leur démocratie, les électeurs américains sont de plus en plus sensibilisés aux questions climatiques et environnementales.

« Climate Change In The American Mind », c’est le nom du programme de recherches des deux prestigieuses universités américaines, Yale et George Mason. Ensemble, leurs scientifiques étudient depuis seize ans l’évolution de l’opinion publique américaine face au changement climatique. Et leur dernière étude est sans appel : « Les Américains ne se sont jamais autant inquiétés du changement climatique », constate Edward Maibach, professeur et directeur du Center for Climate Change Communication à l’Université George Mason. « Environ 7 Américains sur 10 se disent préoccupés par le changement climatique et affirment que cela influencera leurs choix électoraux. Environ 6 électeurs sur 10 préféreront voter pour un candidat qui soutient des politiques en faveur du climat. Environ deux sur dix nous disent que cela leur est égal. Et les deux sur dix restants préfèrent voter pour un candidat qui s’oppose aux mesures en faveur du climat ».

Les républicains modérés « plutôt préoccupés » par le changement climatique

Aux États-Unis, où la polarisation politique est de plus en plus exacerbée, les réponses aux questions posées par les chercheurs dépendent fortement de l’orientation politique des personnes interrogées. Les plus climatosceptiques sont des électeurs conservateurs. Mais même dans les rangs des républicains, les lignes sont en train de bouger. « Les républicains modérés se disent désormais en moyenne “plutôt préoccupés” par le changement climatique », rapporte encore Edward Maibach. « Seuls les électeurs républicains extrêmement conservateurs ne s’en préoccupent pas. En grande partie parce que les médias et les politiciens conservateurs leur disent que le changement climatique n’est pas réel, qu’il n’est pas causé par l’homme ou encore que les politiques gouvernementales pour lutter contre le changement climatique vont créer des problèmes plus graves encore que le changement climatique lui-même. Et au bout du compte, c’est l’industrie des combustibles fossiles qui est à l’origine de ce climato-scepticisme ».

Chez les électeurs indépendants, le changement climatique parmi les « top-trois priorités »

Fait inédit en cette année électorale 2024 : 49 % des Américains inscrits sur des listes électorales se disent « indépendants », c’est-à-dire affiliés à aucun des deux partis. Et le changement climatique fait partie de leurs trois thèmes prioritaires sur lesquels ils baseront leurs choix en novembre pour élire le président, les élus au Congrès à Washington, mais aussi les élus de leurs États ainsi que, pour certains, leurs gouverneurs.

Ce contexte fait dire aux chercheurs des universités Yale et George Mason que « les candidats aux programmes pro-climat gagneront des nouvelles voix lors des élections de novembre prochain, quand les Américains auront le choix entre deux finalistes », explique Edward Maibach. « Bien qu’en ce moment, lors des primaires, ce soient les positions les plus extrêmes sur le changement climatique qui occupent largement le devant de la scène. Chez les républicains », poursuit le scientifique, « les candidats climatosceptiques ont le vent en poupe auprès de la base. Et cela explique pourquoi le Congrès américain a tendance à être extrêmement polarisé sur la question du changement climatique : presque tous les élus démocrates sont en faveur de la lutte contre le changement climatique et presque tous les républicains sont contre ».

Selon une récente étude de l’Université du Colorado-Boulder, publiée le 17 janvier 2024, Joe Biden a gagné en 2020 grâce aux votes des électeurs inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants sur une planète en surchauffe. Le président ne doit pas les décevoir s’il veut assurer sa réélection.

Source du contenu: www.rfi.fr

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