Questions d’environnement – Comment expliquer l’ampleur des inondations en Afrique?

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En janvier dernier, Kinshasa et Brazzaville étaient victimes d’inondations records avec un bilan très lourd : 300 morts et 300 000 ménages détruits à Kinshasa, selon les autorités. Vingt-sept morts, 270 000 sinistrés à Brazzaville.

Un hydrologue kinois rappelait que les crues du fleuve Congo atteignent généralement les 5 mètres. Mais celle de janvier 2024 a été d’une ampleur exceptionnelle puisqu’elle a dépassé les 6 mètres. Et de très nombreuses villes du continent sont concernées : selon le bureau des Nations unies pour la réduction des risques et des catastrophes (UNDRR), le nombre de désastres liés aux inondations a augmenté de 134% depuis 2000. 

Quelles sont les causes de ces inondations ?

Il y a d’abord les effets du réchauffement climatique même si cela peut paraitre contrintuitif. Quand on pense réchauffement climatique, on imagine plutôt la sécheresse et la désertification, qui en sont évidemment une des conséquences. Mais l’intensification des pluies en est une autre. Car à mesure que l’air se réchauffe, la quantité de vapeur d’eau qu’il peut contenir augmente, ce qui provoque ces pluies diluviennes.

Il y a ensuite la déforestation liée au développement des villes. Kinshasa, par exemple, est un ancien comptoir colonial qui abritait environ 1 million d’habitants dans les années 1960. Aujourd’hui c’est une agglomération de plus de 15 millions d’habitants. Le problème, c’est que l’expansion de la ville s’est faite de façon totalement désordonnée. Seul un quart de Kinshasa suit un plan d’aménagement et dispose d’infrastructures, sur une superficie totale de près de 10 000 km², soit près de cent fois Paris.

Et cette absence d’organisation a favorisé la déforestation : avec l’exode rural, dû à la pauvreté et l’insécurité, des millions de Congolais sont arrivés dans la capitale. Ils ont rasé la forêt et une grande partie des espaces verts, pour s’installer, construire des baraques de fortune, cultiver ou cuisiner. Avec cette perte de végétation, l’eau ne s’infiltre plus dans le sol, devenu trop dur, et ruisselle puisqu’il n’y a plus de drainage naturel.

Et comme l’aménagement de la ville n’a pas été adapté à sa croissance, il n’y a pas assez de caniveaux, ceux qui existent sont sous-dimensionnés ou mal utilisés. Conclusion : les eaux de pluie se déversent dans le fleuve Congo, elles renforcent sa crue, ce qui provoque ces inondations records.

Quelles sont les solutions ? Comment s’adapter ?

Le climatologue Benjamin Sultan l’a rappelé en 2022 : « Même les scénarios les plus optimistes suggèrent un renforcement des évènements climatiques extrêmes dans les années à venir avec notamment une intensification des précipitations. » Il est donc urgent de s’adapter et de prendre plusieurs dispositions.

Interdire les constructions dans les zones les plus exposées aux catastrophes naturelles et mettre en place des systèmes de vigilance et d’alerte pour sauver des vies.

Stopper la déforestation : la présidente de la Tanzanie l’a rappelé pendant la COP28 : près d’un milliard de personnes en Afrique cuisinent encore avec du bois de chauffage, ce qui a provoqué la perte de 3,9 millions d’hectares de forêt entre 2010 et 2020, alors qu’il existe une multitude d’alternatives pour cuisiner à moindre coût : le charbon de paille, de coques de cacao ou de bouse de vache.

Réaménager les villes, mais cela coûte très cher et les moyens et/ou la volonté politique manquent.

Et surtout déployer le Fonds Pertes et préjudices, acté lors de la COP28, qui doit permettre aux pays du Sud, victimes d’événements climatiques extrêmes, de bénéficier de financements des pays du Nord, qui sont les principaux responsables du réchauffement climatique.

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Source du contenu: www.rfi.fr

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