Le monde marin souffre en raison du réchauffement de l’eau, lié à nos émissions de gaz à effet de serre, et en raison de la pollution plastique. Mais nous, êtres humains, sommes à l’origine d’une autre pollution qui finit aussi dans les océans et qui est moins connue : la pollution aux nutriments. RFI vous explique de quoi il s’agit.
La pollution aux nutriments, c’est lorsqu’il y a beaucoup trop de nutriments dans l’eau, généralement de l’azote et du phosphore. Cela se passe près des littoraux parce que cet excédent vient de nos eaux usées lorsqu’elles n’ont pas été suffisamment traitées en ville et est aussi lié à l’usage des engrais en agriculture. Soit les nutriments descendent par les rivières, soit ils sont rejetés directement par des industries, soit ils s’écoulent depuis les champs quand il pleut notamment. Enfin, l’élevage de poissons et de crustacés le long des côtes est aussi source de pollution aux nutriments.
C’est un problème d’abord parce que ces nutriments en excédent font proliférer les algues qui s’en nourrissent. Les nappes d’algues qui se forment à certains endroits sont tellement grandes qu’elles sont visibles depuis l’espace. Deuxième problème : lorsque ces algues meurent, elles tombent au fond des océans. Les organismes qui y vivent se mettent donc à manger frénétiquement toute cette matière organique en décomposition et pour ce faire, ils respirent et utilisent beaucoup d’oxygène. Résultat : l’oxygène se met à manquer.
À quoi ressemble une zone au fond des mers où il n’y a presque plus d’oxygène ? « C’est noir, obscur, ça sent l’œuf pourri », décrit l’experte en sciences océaniques à l’Unesco, Kirsten Isensee. On appelle ces zones des « dead-zones », des zones mortes en français. En réalité, tout n’est pas mort, indique la chercheuse, il reste quelques bactéries qui sont capables de survivre dans ce milieu hostile. Mais les crabes, les poissons, les mollusques ont soit fui avant qu’il ne soit trop tard, soit péri par manque d’oxygène.
Des actions pour détecter et réduire cette pollution
D’après Kirsten Isensee, de la Commission Océanographique Intergouvernementale à l’Unesco, il y a plus de 500 zones de ce type dans le monde. Les plus connues se trouvent le long de la côte est des États-Unis, au sud de la Louisiane, en Europe notamment en mer Baltique. Il y en a aussi en Asie du sud-est. Mais beaucoup d’autres n’ont sans doute pas encore été détectées, indique-t-elle, car on manque de données notamment concernant l’Afrique. Or, « si l’Europe a adopté des règlementations qui ont eu pour effet de réduire ces rejets de nutriments, cette pollution est en hausse dans les pays en développement », souligne la scientifique.
La bonne nouvelle c’est qu’on peut agir pour réduire cette pollution aux nutriments. À l’échelle individuelle il convient de préférer les produits d’entretien, détergents et produits d’hygiène d’origine biologique. Les villes ont aussi un rôle à jouer en traitant mieux les eaux usées. Enfin et surtout, l’agriculture peut réduire sa consommation d’engrais. Au fond, ce que nous dit cette situation c’est que Terre et mer sont connectées et qu’en prenant soin de l’une, on protège aussi l’autre.
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