Questions d’environnement – Des océans trop acides: une septième limite planétaire va être dépassée

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La planète terre est en mauvaise santé. Une étude scientifique vient de réaliser un bilan de neuf différents critères en atteste. Six indicateurs sont déjà dans le rouge et une septième limite planétaire s’apprête à être dépassée, celle concernant l’acidification des océans. C’est inévitable d’ici quelques années mais cela ne doit pas décourager l’action pour limiter les risques.

Tout commence avec nos émissions de CO2. Les énormes quantités de dioxyde de carbone que nous larguons dans l’atmosphère n’entraînent pas seulement le réchauffement du climat, elles déstabilisent aussi l’équilibre de l’océan. Une partie du CO2 atmosphérique se dissout en effet dans l’eau de via des réactions chimiques naturelles. Depuis le début de la révolution industrielle, environ un tiers du CO2 généré par les activités humaines a été absorbé par les océans.

Le problème c’est que cela engendre leur acidification. Puisque le CO2 est un gaz acide. L’acidification des océans a ainsi déjà augmenté de près de 30 % et si on ne modifie pas nos modes de vie, les modèles de prédiction prévoient une augmentation de 150 % de l’acidité d’ici à 2100.

Dissolution des mollusques et des coraux

Ce phénomène est suivi de près par les scientifiques comme Wolfgang Lucht, spécialiste des systèmes planétaires à l’Institut du climat de Postdam. « Beaucoup de microorganismes mais aussi d’organismes plus gros comme les coraux, construisent leur coquille ou leur squelette à partir de carbonate. Dans un océan plus acide, le carbonate se dissout plus facilement, ils ont donc de bien plus grandes difficultés à former leurs corps », explique-t-il. Comme lorsqu’on utilise du vinaigre pour dissoudre le calcaire, sauf que dans ce cas, ce sont les huîtres, les crabes, les oursins, les homards et les coraux… mais aussi toute une gamme de planctons microscopiques, briques essentielles de la vie sous-marine, qui sont menacés ou au moins fragilisés.

« Cela peut créer d’énormes perturbations dans toute la chaîne alimentaire océanique et on est maintenant très proche de la zone à haut risque où ces changements profonds peuvent arriver », met en garde Wolfgang Lucht. En d’autres termes, il alerte sur le fait qu’une nouvelle limite planétaire s’apprête à être dépassée.

Il y a 15 ans, une équipe scientifique internationale réunie autour du Stockholm Resilience Centre (SRC) a défini le concept des neuf limites planétaires : neuf indicateurs avec des seuils au-delà desquels « les équilibres naturels terrestres peuvent être déstabilisés et les conditions de vie devenir défavorables pour l’humanité », renseigne le Commissariat général au développement durable en France.

En septembre 2023, les chercheurs ont tiré la sonnette d’alarme car six des neuf limites planétaires ont déjà été franchies. Le réchauffement climatique, la chute de la biodiversité, la pollution aux engrais chimiques (les cycles de l’azote et du phosphore), la dégradation des sols, le cycle de l’eau douce, et l’introduction de nouveaux éléments comme les OGM, les nanoparticules ou autres plastiques dans la nature.

Six indicateurs témoins de la santé de la planète déjà dans le rouge

Reste la couche d’ozone et la présence de particules fines (ou aérosols) dans l’atmosphère. Ces deux indicateurs sont encore dans le vert. La limite pour l’acidification des océans s’apprête quant à elle à être franchie « d’ici quelques années » selon Boris Sakschewski, l’un des auteurs principaux du Planetary Health Check, un bilan de santé de la Terre pour faire l’état des lieux des limites planétaires et réactualisé désormais chaque année par l’Institut du climat de Postdam.

Nos modes de vie polluants ont déjà permis l’émission de trop de CO2, qui s’accumule dans l’atmosphère et qui finit par se dissoudre dans les océans. « Il va y rester des dizaines et des centaines de milliers d’années et s’il est difficile de prévoir l’ampleur exacte de l’impact de cette acidification, mais il est certain que cela ne sera pas anodin », explique Wolfgang Lucht, également auteur du Planetary Health Check. Et si certains changements s’annoncent déjà irréversibles, le chercheur appelle à ne pas se laisser gagner par la fatalité. « La meilleure des choses à faire et de limiter nos émissions pour éviter que cela ne devienne pire ».

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Source du contenu: www.rfi.fr

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