Questions d’environnement – Italie: quelle politique climatique mène l’extrême droite de Giorgia Meloni?

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La Première ministre italienne Giorgia Meloni est l’une des gagnantes des récentes élections européennes. Au G7, qu’elle a accueilli il y a quelques jours à Bari, ou dans les tractations en cours à Bruxelles pour former la nouvelle majorité au Parlement européen, la leader d’extrême droite continue son opération de normalisation internationale. Et en matière de lutte climatique, comment se positionne-t-elle ?

En ce qui concerne les efforts collectifs pour freiner le réchauffement de la planète, la dirigeante italienne tente aussi d’effacer l’identité néo-fasciste de son parti. En s’affichant pro-climat aux côtés de Joe Biden ou en portant à la dernière COP à Dubaï des ambitions que les ONG locales considèrent positives – comme sa participation au fonds pertes et dommages destiné aux pays du Sud, Giorgia Meloni cherche à consolider une image fiable sur la scène internationale, une image différente de celle dépeinte lors de son élection en octobre 2022. Pas de déclaration climatosceptique, donc, pour Meloni… Celui qui nie la science en revanche, c’est son allié au gouvernement, Matteo Salvini, le patron de La Ligue, l’autre extrême droite italienne.

Sur le plan national, le discours de Giorgia Meloni face au climat est beaucoup plus ambigu. Certains spécialistes de la décarbonation de l’Italie – troisième pays le plus émetteur de gaz à effet de serre en Europe après l’Allemagne et la France – parlent même d’un double discours.

Pédale de frein sur l’éolien et le solaire

Giorgia Meloni ne propose pas de démonter les éoliennes comme l’avait fait en 2022 la leader d’extrême droite française Marine Le Pen. Mais elle freine la transition écologique. « Dans le plan de relance post-pandémie du gouvernement Draghi, il y avait un objectif climatique global pour l’économie : moins 51% d’émissions d’ici à 2030, indique Mauro Albrizio, de l’ONG environnementale Legambiente. Dans le dernier plan climat et énergie transmis par Meloni à Bruxelles, il n’y a plus d’objectif global. Le gouvernement se contente d’y appliquer les principaux règlements et directives européennes. Mais d’après les données de l’agence italienne de l’Environnement, ces engagements correspondent à une cible globale de moins 40% d’émissions… c’est bien loin des 55% visés au niveau européen », détaille l’activiste qui suit les politiques européennes pour son association.

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En Italie, la transition énergétique a été enclenchée bien avant l’arrivée au pouvoir de Meloni. Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent plus d’un tiers du mix électrique du pays, mais les nouvelles installations d’éoliennes, par exemple, sont bloquées « par la bureaucratie et par le manque de clarté du gouvernement », explique Luca Iacoboni, spécialiste des stratégies de décarbonation au sein du groupe de réflexion italien sur le changement climatique ECCO. Giorgia Meloni a aussi durci la législation pour les installations solaires. Et au niveau européen, elle a voté contre l’interdiction de vendre des voitures thermiques neuves prévue pour 2035.

À gaz toute !

La première ministre d’extrême droite défend une application « pragmatique » de l’Accord de Paris. Elle affirme que l’économie italienne est encore trop fragile pour une transition énergétique rapide et que celle-ci ne doit pas se faire au détriment des entreprises.

En réalité, Meloni, comme ses prédécesseurs, ne veut pas lâcher le filon du gaz. Au contraire. Le géant pétrogazier national, ENI, est l’une des entreprises qui émettent le plus de gaz à effet de serre au niveau mondial. Et l’objectif du gouvernement italien, avec son « Plan Matteí », est de développer encore plus les revenus tirés du gaz, notamment en s’étendant en Afrique. Vue par certains pays comme une énergie de transition, le gaz reste une énergie fossile, donc responsable du réchauffement de la planète. Meloni assure aussi vouloir lancer l’Italie dans le développement de petits réacteurs nucléaires.

La Péninsule paye pourtant déjà le prix du réchauffement climatique avec la tropicalisation de son climat : inondations record, sécheresse, incendies et des rendements agricoles à la baisse, notamment pour la viticulture. « Aujourd’hui, les Italiens sont conscients du changement climatique, conclut Mauro Albrizio, de l’ONG Legambiente. Alors l’extrême droite ne nie plus le réchauffement de la planète, mais elle retarde la transition. »

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Source du contenu: www.rfi.fr

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