Questions d’environnement – La science de l’attribution ou comment mesurer l’influence du changement climatique

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Canicules, sécheresses, inondations, orages… Chaque catastrophe naturelle causée par un épisode météorologique rare entraîne régulièrement son lot de commentaires et de questionnements : le changement climatique est-il en cause ? Depuis quelques années, il est possible de distinguer l’influence de la variabilité naturelle de la météo et l’influence des changements climatiques : on parle de science de l’attribution.

La science de l’attribution a débuté après la canicule de 2003 qui avait provoqué la mort de 35 000 personnes en Europe. Elle consiste à étudier un évènement climatique extrême, comme une canicule, une sécheresse ou une inondation, et à mesurer le rôle du changement climatique dans sa survenue. Le but est donc de calculer dans quelle mesure le changement climatique a rendu cet évènement climatique plus probable, plus fréquent ou plus intense.

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Comment mesurer l’influence du changement climatique ?

Fabio d’Andréa est directeur de recherche au CNRS : « On a des modèles numériques, des programmes informatiques qui reproduisent la planète et son évolution. Il y a les plantes, la météorologie, l’océanographie, et tout cela est représenté par des équations, dans l’ordinateur. C’est comme un grand jeu vidéo, mais au lieu de simuler une bataille ou une course de voitures, on simule la planète entière. Et avec ce modèle, on peut représenter la planète comme elle était avant l’époque industrielle, donc avec moins de gaz à effet de serre, moins de CO2 dans l’atmosphère. On peut aussi reproduire notre monde actuel et faire en sorte qu’un évènement qui s’est produit s’y reproduise. On obtient donc le même phénomène dans un monde où il n’y a pas de réchauffement climatique, et dans un monde avec changement climatique. Et ensuite, on compare les deux. On a donc un gros simulateur de la planète dans lequel on peut changer les choses pour voir comment cela se serait passé s’il n’y avait pas de réchauffement climatique. »

Les scientifiques simulent donc ce qu’ils appellent un monde contrefactuel, c’est-à-dire le monde tel qu’il serait s’il n’y avait pas de réchauffement climatique. Et ils comparent ce monde contrefactuel, donc fictif à notre monde actuel, donc le vrai monde. Et grâce à ces analyses, les scientifiques peuvent mesurer l’influence du réchauffement climatique sur certains phénomènes extrêmes. Ils estiment, par exemple, que le changement climatique a rendu la sécheresse agricole de 2023 en Amazonie, 30 fois plus probable. Aux Philippines, les fortes pluies et inondations de février dernier devraient désormais se produire tous les 10 ans. Telles sont les informations que l’on obtient grâce à la science de l’attribution.

À quoi sert la science de l’attribution ?

La science de l’attribution sert à sensibiliser le grand public et à contrecarrer les arguments des climatosceptiques. Elle sert également à faire de la prévention. Si on sait que les inondations seront dorénavant plus fréquentes dans une partie du globe, on peut anticiper et éviter des drames humains. Et surtout, cela va permettre à des états de bénéficier du fonds pertes et préjudices, destiné aux victimes du réchauffement climatique, grâce aux preuves apportées par la science de l’attribution.

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Source du contenu: www.rfi.fr

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