Comment sécuriser l’approvisionnement en protéines d’une population mondiale qui devrait atteindre neuf milliards de personnes en 2050 ? Avec d’un côté, la diminution drastique des stocks de poissons, en raison de la surpêche, et de l’autre un accroissement de la demande, l’équation semble insoluble. Pour l’Ifremer, il faut donc développer l’aquaculture, à condition qu’elle soit durable et respectueuse de l’environnement.
Dans son dernier rapport pour répondre au défi d’une aquaculture marine durable, l’Ifremer annonce la couleur : la production annuelle issue des élevages de poissons, devra passer de 31 millions de tonnes aujourd’hui, à 74 millions de tonnes en 2050. C’est à cette condition que l’on pourra assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire, dans notre contexte actuel de changement climatique et d’érosion de la biodiversité. Une solution également pour répondre, pourquoi pas, à certaines aberrations. Grande consommatrice de poisson, l’Afrique de l’Ouest a de plus en plus recours aux importations de produits congelés, en raison de la surpêche et de la pêche illégale dans ses eaux
L’aquaculture, une solution pour limiter les importations de poissons congelés en Afrique de l’Ouest ?
Cela pourrait être une solution, à condition qu’elle soit pratiquée de manière durable et respectueuse de l’environnement, comme le préconise l’Ifremer qui précise dans son rapport : « Il importe de trouver des alternatives pour nourrir les espèces carnivores afin de réduire la dépendance de ces filières à la ressource halieutique. »
Car c’est bien là le problème majeur de la filière aquacole, son talon d’Achille. Aujourd’hui, la majorité des poissons d’élevage est nourrie de… poissons sauvages, comme les sardinelles des côtes ouest africaines qui finissent broyées pour fabriquer de la farine ou de l’huile de poisson, à destination des élevages d’Europe ou d’Asie.
Selon Greenpeace, chaque année, un demi-million de tonnes de petits poissons frais, qui auraient pu nourrir 33 millions de personnes sur le continent, sont pêchés au large des côtes mauritaniennes, gambiennes ou sénégalaises pour ravitailler les parcs aquacoles d’autres régions du globe. Une pratique qui ne permet donc pas, de lutter contre la surpêche, mais qui, au contraire, la renforce.
Quelles sont les bonnes pratiques en aquaculture ?
Déjà, il existe plusieurs substituts à la farine de poisson, comme la farine d’insectes par exemple. Le rapport de l’Ifremer détaille toutes ces bonnes pratiques pour limiter les effets néfastes sur les écosystèmes. Adapter la taille des parcs pour que les traitements de l’eau, les rejets, les dépôts de fèces organiques, à savoir les excréments de poissons, ne perturbent pas l’écosystème marin dans lequel ils se trouvent.
Où en est la filière en Afrique de l’Ouest ?
Pour l’instant, l’aquaculture en Afrique de l’Ouest est assez marginale. Les États intéressés par cette pratique doivent d’abord régler les difficultés d’approvisionnement en intrants, comme les granulés pour nourrir les poissons, ou les problèmes de financement.
Ces dernières années, elle s’est peu à peu développée au Nigeria, dont la production a atteint environ 262 000 tonnes en 2020. Suivent de très loin le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Bénin. Une progression trop faible, cependant, pour espérer réduire les importations de poissons à court ou moyen terme.
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