Moins de la moitié des pays, sur 100 pays étudiés dans le monde, mentionnent le changement climatique dans les programmes scolaires, que ce soit aux niveaux pré-primaires, primaires et secondaires selon l’Unesco. Et encore, le sujet n’est pas abordé pour autant en classe… ou alors mal abordé. Les Nations unies estiment pourtant que l’éducation au changement climatique est une des solutions face à la crise climatique.
Et vous, sauriez dire pourquoi certaines régions du globe se réchauffent plus vite que d’autres ? Ou comment le réchauffement de l’atmosphère perturbe le cycle de l’eau et engendre ainsi des pluies diluviennes ou des cyclones dévastateurs comme à Mayotte récemment ?
Si vous ne savez pas répondre à ces questions ou si vous avez une idée mais que la réponse n’est pas très claire, pas d’inquiétude, c’est normal. En effet, selon une étude de l’Unesco, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, 70% des jeunes ne savent pas expliquer le changement climatique.
Un « Partenariat pour une éducation verte »
Pourtant, « le changement climatique c’est un des défis de notre société aujourd’hui » rappelle Eric Guilyardi, océanographe, climatologue, et président de l’Office pour l’éducation au climat. « Quand on voit la place que le sujet a dans l’enseignement, ça n’est clairement pas suffisant. Aujourd’hui il n’y a que 4% ou 5% des enseignants qui font une éducation au changement climatique de qualité à l’école » regrette-t-il. Pour le chercheur, il est évident qu’il faut faire mieux. « On ne peut pas imaginer une adaptation de la société, une transition, sans qu’il y ait une compréhension large des enjeux. Et cette compréhension elle commence à l’école ».
La crise climatique a en effet débuté et pour y préparer les générations futures, l’ONU a lancé en 2022 un « Partenariat pour une éducation verte » qui rassemble une centaine de pays. Ce programme vise à inciter les pays à inclure le changement climatique dans les programmes scolaires et à former les enseignants parce que pour l’instant, toujours selon l’Unesco, « seulement 23 % des professeurs se sentent à l’aise pour aborder correctement l’action climatique dans leurs classes », ce qu’ils ne font pas forcément.
Au-delà de l’enseignement, le programme ambitionne de transformer tout le fonctionnement de l’école, que ce soit les repas à la cantine ou bien lors des sorties scolaires par exemple. Une question de cohérence pour les élèves à qui on apprend que nos modes de vie et de consommation doivent évoluer. Enfin, le programme projette d’étendre cet apprentissage hors des écoles, aux centres de formation pour adulte par exemple.
Des compétences pour les métiers du futur
Pour que cet enseignement soit efficace, explique Eric Guilyardi dont l’organisation est mandatée par l’Unesco pour la formation des enseignants, « il est nécessaire de s’appuyer sur la science » pour comprendre les phénomènes physiques et sociétaux à l’œuvre, « avec de réelles méthodes pédagogiques efficaces et prouvées ». Il ne s’agit pas de se contenter d’un simple séminaire ou d’une cession de sensibilisation par une ONG militante, de passage en classe. Autre nécessité, celle « d’intégrer le sujet à toutes les matières, parce que le changement climatique concerne aussi l’éducation physique et sportive, l’économie, le français, ou l’art plastique par exemple ».
En plus d’apporter des connaissances aux élèves, l’idée est aussi de former l’esprit critique, l’empathie, apprendre à devenir citoyen et acquérir les compétences pratiques pour les métiers du futur, le tout « sans faire porter le poids de la crise sur les épaules des élèves et sans chercher à fabriquer des militants écolos » résume le chercheur.
Pour l’instant l’éducation au changement climatique est encore au stade de l’expérimentation au niveau international. Certains pays intègrent la crise climatique dans plusieurs matières, chaque année, comme la Colombie. D’autres veulent en plus créer une matière « changement climatique » comme Israël en classe de quatrième et première.
À terme, il faudra voir ce qui marche le mieux et passer à l’échelle pour transformer des systèmes scolaires entiers, y compris dans les pays du sud, car c’est une question d’équité que de bénéficier d’une bonne préparation à l’avenir quel que soit son pays ou sa classe sociale.
À écouter aussiQuel est le rôle de l’école dans l’engagement des jeunes pour le climat ?
Source du contenu: www.rfi.fr