Questions d’environnement – Quel rugby dans un monde à +2° Celsius?

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Le changement climatique affecte la pratique du sport dans le monde entier. Mais World Rugby est le premier organisme international à publier un rapport détaillé, dédié aux effets du réchauffement planétaire sur le rugby et son adaptation nécessaire.

Pour son rapport de 67 pages, World Rugby a consulté des scientifiques du climat et a examiné les vulnérabilités dans dix pays où le rugby est roi. « La famille mondiale du rugby est déjà aux prises avec les conséquences du changement climatique, et nous avons une responsabilité collective, en tant que gardiens du sport d’une génération à l’autre, de relever les défis posés par ces changements environnementaux sans précédent. Mais pour agir, nous devons d’abord comprendre », estime Bill Beaumont, président du rugby mondial en préambule.

Changement climatique: joueurs, spectateurs et infrastructures en danger

Les effets du changement climatique sont en effet multiples. Sur les joueurs, d’abord : à partir de 35°C, la pratique du rugby n’est pas recommandée au risque de mettre en péril la santé des rugbymens. Sur les spectateurs ensuite : au moment des fortes chaleurs, les stades pourraient se transformer en zone à haut risque pour leur santé par l’effet d’îlot de chaleur dans ces structures créées principalement en béton et sans végétation pour les rafraîchir. Concernant les stades : dans huit des dix nations étudiées la fréquence et l’intensité des précipitations ainsi que le risque de crues soudaines vont augmenter. Les pelouses, au contraire, pourraient souffrir des sécheresses prolongées. Enfin, 11% des 111 stades étudiés sont exposés à des risques annuels de submersion.

Les nations historiquement importantes du rugby, comme « les îles du Pacifique – les îles Fidji, Tonga, Samoa – sont en première ligne de l’élévation du niveau de la mer », rappelle Michaël Ferrisi, fondateur d’Ecolosport, un média qui traite de la transition écologique dans le sport et une agence qui accompagne le monde du sport dans sa transition. « Donc effectivement, le rugby a bien compris que certaines communautés de ce sport seront touchées, seront en première ligne et que cela aura un impact sur son économie et sur le sport en général ».

Comment le monde du rugby peut-il s’adapter ?

Le rapport ne parle pas tant de l’adaptation des infrastructures, mais plutôt de la nécessiter d’intégrer les projections climatiques dans les politiques des organisations de rugby, comme la planification des tournois par exemple ou encore les modèles économiques des organisations. Mais il est aussi question de créer un mécanisme de financement solidaire pour soutenir les organisations de rugby les plus vulnérables, ou encore de soutenir sa propre communauté, c’est-à-dire les riverains d’un club en cas de catastrophe naturelle.

Le rugby devrait aussi réfléchir à l’atténuation

Le rapport est donc dédié à l’adaptation du rugby mondial au changement climatique. Mais qu’en est-il de l’atténuation du réchauffement de la planète ? La question se pose puisque le rugby est un sport avec de nombreux tournois internationaux qui génèrent une quantité importante d’émissions de carbone.

« Quand on voit qu’aujourd’hui il y a des structures du rugby qui veulent organiser un championnat du monde des clubs dont la finale aura lieu au Qatar, quand on accepte que les franchises sud-africaines jouent dans la Coupe d’Europe, alors que cela n’a évidemment aucun sens, ça démontre qu’on n’a pas encore compris les effets du changement climatique », fait remarquer Michaël Ferrisi qui plaide pour que la sensibilisation auprès des dirigeants du rugby mondial se poursuive. « Le rapport est un premier pas et il va dans la bonne direction. Maintenant il faut qu’il soit suivi d’actes et de décisions en cohérences avec ses résultats ».

Source du contenu: www.rfi.fr

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