Les effets du réchauffement climatique – inondations, vagues de chaleur et cyclones – obligent de plus en plus souvent à fermer des écoles, parfois pendant des mois. Pour garantir l’accès à l’éducation de millions d’enfants dans le monde dans les années à venir, nous devrons transformer les bâtiments scolaires ou les construire différemment. En ce jour de rentrée des classes dans plusieurs pays africains et européens, RFI évoque des solutions pour rendre nos écoles plus résilientes
Le premier grand défi pour les établissements scolaires est de mieux se protéger des vagues de chaleur qui s’intensifient en raison du réchauffement mondial. En Europe notamment, « beaucoup des bâtiments scolaires ont été construits dans la deuxième moitié du XXe siècle, explique l’urbaniste français Clément Gaillard. Ce sont des écoles faites en série, avec les mêmes plans, les mêmes trames, conçues de manière industrielle et pas en fonction du climat local ». Résultat: il y a souvent trop de vitrages et une exposition à l’ouest, ce qui signifie une grosse consommation de chauffage en hiver et un problème de surchauffe en été.
La chaleur a des effets néfastes sur les capacités d’apprentissage des enfants, elle les énerve, peut provoquer des malaises. Il faut donc éviter que les salles de classe deviennent des fournaises. Pour ce faire, la priorité est que l’ensoleillement direct n’entre pas. « Cela veut dire installer des protections solaires extérieures, comme des brise-soleil, des bannes, des stores. Il est important que cela soit placé à l’extérieur pour bloquer le rayonnement solaire avant qu’il passe le vitrage. S’il passe le vitrage, c’est déjà trop tard, vous avez créé un effet de serre, donc vous allez accumuler de la chaleur. Tout ce qui est store intérieur, etc. cela ne fonctionne pas bien. Il faut vraiment des protections extérieures et éventuellement aussi planter des arbres pour protéger certaines orientations », détaille Clément Gaillard.
Un bâtiment s’expose à la chaleur avant tout par ses façades Est et Ouest et par sa toiture. Pour la toiture, il convient de l’isoler ou de mettre une deuxième toiture au-dessus qui fera office d’ombrelle. Cela se fait dans les zones tropicales.
Des ouvertures stratégiques pour ventiler aux heures fraîches
Deuxième priorité pour protéger les écoles des fortes chaleurs: favoriser la ventilation. On peut fixer au plafond ces gros brasseurs d’air qui ressemblent à des hélices d’hélicoptère. Les pays du Sud les connaissent. Autre option: installer des grilles aux fenêtres de l’école pour pouvoir programmer leur ouverture pendant les heures fraîches de la nuit et ainsi ventiler sans risquer l’intrusion. On peut aussi installer des trappes ouvrables au-dessus des portes ou dans les coins des pièces, ajoute Clément Gaillard qui cite l’exemple d’un lycée français en Mauritanie où des trappes avaient été placées dans les coins en fonction des vents.
« En Afrique de l’Ouest et du Centre, 17 pays se trouvent dans les 30 pays du monde où les enfants sont le plus exposés aux risques climatiques », souligne Tomoko Shibuya, conseillère pour l’éducation auprès de l’Unicef dans cette région du continent. Il est donc urgent d’adapter les écoles. « Ouvrir des fenêtres près du plafond pour permettre la circulation de l’air, prévoir des fondations élevées dans les zones sujettes aux inondations ou encore renforcer le toit pour le rendre plus résistant aux tempêtes », liste-t-elle depuis Dakar. Pour réduire l’impact des événements météorologiques extrêmes sur l’accès au savoir des enfants, Tomoko Shibuya ajoute qu’il est aussi important de développer les systèmes d’alerte précoce et de former les enseignants, les communautés et les élèves eux-mêmes aux réflexes à adopter en cas d’événement de ce genre.
Des écoles mieux localisées et bien orientées
Lorsque l’on construit de nouvelles écoles, où que ce soit sur la planète, il faut bien étudier l’emplacement et l’orientation des bâtiments.
Pour réguler la température, on évite d’avoir trop d’ouvertures à l’ouest. On se protège des vents d’hiver et on s’expose aux vents d’été. Pour se prémunir contre les inondations et les cyclones, il convient de fuir les zones basses, près des rivières, ou très exposées aux vents.
Au Burkina Faso, l’Unicef a construit depuis 2019 1.000 salles de classe résistantes aux cyclones en prenant en compte cette question cruciale du lieu et en construisant de façon beaucoup plus robuste. « Les murs sont faits de matériaux très costauds, indique Guy Taylor, porte-parole de cette agence de l’ONU dans le pays, l’angle du toit est dessiné de façon à ne pas être retourné par le vent, les connexions entre les murs et le toit sont renforcées… On choisit aussi des revêtements de surface qui offrent moins de résistance au vent et les fenêtres et portes sont dessinées et pensées pour rester attachées pendant un cyclone ».
Il estime que ces écoles coûtent 20 à 30% plus cher mais elles ont fait leur preuve: lors du dernier cyclone au Burkina Faso, elles sont restées debout. « Cela vaut la peine d’investir », appuie Guy Taylor. D’après l’ONU, un dollar investi dans des infrastructures résilientes au changement climatique c’est quatre dollars économisés en reconstruction post-catastrophe.
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