A Berlin, les automobilistes choyés par la mairie

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LETTRE DE BERLIN

Contrairement à Paris mais aussi à d’autres villes allemandes comme Tübingen, pionnière en la matière, ou Hanovre, qui a de grandes ambitions dans ce domaine, Berlin ne partira pas en croisade contre les SUV, ces voitures lourdes, polluantes et encombrantes qui, pour la première fois en 2023, ont représenté plus de la moitié des ventes de véhicules neufs en Europe. « Nous n’avons pas l’intention d’augmenter les tarifs de stationnement pour les SUV. Plus généralement, nous n’envisageons pas d’imposer de nouvelles règles à leurs propriétaires », a fait savoir, mardi 6 février, l’adjointe au maire de Berlin chargée des transports.

A vrai dire, cette mise au point n’a étonné personne. Deux jours après la « votation citoyenne » organisée à Paris, lors de laquelle a été approuvé le triplement des tarifs de stationnement des SUV à une courte majorité (54,5 %) et malgré une très faible participation (5,7 %), la vraie surprise aurait été que Berlin propose une mesure analogue.

Depuis un an, la capitale allemande est en effet dirigée par un grand ami des voitures. Candidat de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) aux élections municipales du 12 février 2023, Kai Wegner en avait même fait un de ses arguments de campagne : « Berlin est pour tout le monde, même pour les automobilistes », pouvait-on lire sur l’une des affiches de cet ancien assureur. « Berlin, ne laisse pas interdire la voiture », pouvait-on lire sur une autre. Le jour du scrutin, la CDU est arrivée largement en tête dans les arrondissements périphériques, ceux où le taux des ménages possédant une voiture est le plus élevé. En revanche, elle a été nettement devancée par les Verts dans les quartiers du centre, là où le nombre de voitures par habitant est le plus bas.

Communication désastreuse

Premier maire de droite élu à la tête de Berlin depuis 1999, Kai Wegner n’a pas tardé à vouloir imprimer sa marque. En coalition avec les sociaux-démocrates (SPD), il s’est attaché à détricoter ce que ces derniers avaient fait en matière de transports, au cours des années précédentes, à l’époque où ils dirigeaient la ville avec les Verts et le parti de gauche Die Linke.

La grande affaire a été celle des pistes cyclables. En juin 2023, deux mois après l’investiture du nouveau maire, son adjointe aux transports a décrété un moratoire sur les projets en cours, l’idée étant de renoncer à réserver aux seuls vélos des voies susceptibles de « ralentir la circulation automobile ». Après le cuisant revers essuyé par la majorité précédente, qui s’était vu retoquer par la justice administrative sa décision concernant la Friedrichstrasse, une grande artère commerçante dont la piétonnisation avait tourné au fiasco, cette remise à plat semblait frappée au coin du bon sens.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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