Plusieurs fusillades liées au trafic de drogues qui ont eu lieu à Bruxelles récemment ont fait une victime, au matin du mercredi 14 février. Une personne a été tuée à 6 heures à Saint-Gilles, quartier où des coups de feu avaient déjà été tirés la veille depuis une voiture qui a renversé une passante. Des armes ont été retrouvées dans le véhicule, repéré plus tard à Anderlecht, une commune voisine.
« Hier, c’était de l’intimidation, aujourd’hui c’est une exécution. On est dans un conflit de territoires entre des groupes qui veulent contrôler un quartier », a commenté le maire de Saint-Gilles, Jean Spinette, qui s’est dit « choqué, mais pas surpris ». Cette zone de la capitale est, en effet, décrite comme un « drive-in de la drogue », où des dealers se sont installés sur des pas-de-porte. Selon les autorités locales, le trafic est désormais aux mains du grand banditisme et découle d’un « phénomène national », lié au trafic massif de stupéfiants par le biais du port d’Anvers, notamment, ainsi qu’au développement de la consommation de crack.
Une autre fusillade avait eu lieu dimanche 11 février à quelques centaines de mètres de Saint-Gilles, dans le quartier populaire des Marolles. Deux personnes avaient été blessées. Début février, une prise d’otages avait été évitée grâce à l’intervention de concierges, blessés par des dealers.
Selon Jean Spinette, les trafiquants s’estiment désormais intouchables dans sa commune où, mardi soir, des habitants s’étaient réunis pour exprimer leurs craintes et recevoir des informations. Le maire a déploré l’insuffisance des effectifs de la police locale et rappelé qu’il réclame depuis longtemps l’aide de la police fédérale et de la justice, accusée de relâcher trop vite les délinquants appréhendés.
Promesses d’investissements formulées
Un représentant des forces de l’ordre présent à la réunion de mardi soir a, quant à lui, confié que le problème du trafic dans sa zone lui semblait désormais impossible à contrôler. De nombreux groupes de taille réduite se livrent, en effet, à des guerres de territoires et utilisent de plus en plus fréquemment des armes pour arriver à leurs fins. Les deux premiers décès liés à ces règlements de comptes sont survenus en octobre 2023, à Bruxelles.
« Le phénomène des bandes urbaines produit davantage de danger et de décès que le terrorisme. Il faut le prendre à bras-le-corps », expliquait, en décembre 2023, Christos Doulkeridis, maire d’Ixelles, où une fusillade avait fait quatre victimes. « Il faut renforcer la police et la justice, c’est ce que nous essayons de faire », déclarait à cette occasion Paul Van Tigchelt, le ministre de la justice.
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