« A huit mois de la présidentielle aux Etats-Unis, annoncer la victoire de Donald Trump est un pari paresseux »

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En présentant, lors d’une élection partielle dans l’Etat de New York, une ancienne démocrate israélo-américaine originaire d’Ethiopie, les républicains pensaient remporter la mise. L’afflux de migrants à New York, les divisions des démocrates entre électorat juif et progressistes propalestiniens, rien n’y a fait : mardi 13 février, les républicains ont perdu. Election après élection, les démocrates l’emportent, surtout depuis que la Cour suprême a invalidé le droit fédéral à l’avortement. Ainsi est-on tenté de prévenir les Cassandre qui éprouvent une joie maligne au retour annoncé de Donald Trump : rien n’est joué.

Certes, le duel attendu aura lieu. Sauf miracle, nul ne croit que l’ancien président républicain sera empêché par la justice. Les procès n’ont pas prise sur sa popularité et paraissent parfois dérisoires, comme celui qui est attendu, à New York, sur l’achat du silence d’une escort girl avec des fonds électoraux. Sauf accident de santé majeur, Joe Biden, le plus vieux président en exercice des Etats-Unis, octogénaire à l’élocution confuse, sera candidat, avec son impopulaire vice-présidente, Kamala Harris, qu’il n’a pas voulu remplacer pour ne pas offenser les femmes et la communauté noire.

Et pourtant, quel bilan, surtout si l’on est de gauche ! Plein-emploi, croissance, innovation, réarmement industriel. L’inflation est jugulée, le pouvoir d’achat repart à la hausse, tandis que le pays jouit de ressources énergétiques abondantes. « It’s the economy, stupid », avait lancé le conseiller James Carville au candidat démocrate Bill Clinton en 1992 pour battre la figure patricienne George Bush, après la fin de la guerre froide, la victoire de la première guerre d’Irak, mais en pleine récession économique.

Survivant de la crise

De nombreux analystes expliquent que la recette ne marche plus dans un monde ultra-polarisé sur les « valeurs ». En réalité, cela a toujours marché, surtout lorsque les malheurs économiques (chômage, inflation et prix de l’essence) sont ressentis très concrètement par les ménages. Ainsi furent battus, en temps de récession ou de stagflation, Gerald Ford (1976), Jimmy Carter (1980), George Bush (1992).

Donald Trump aussi. Le républicain a certes connu un début de mandat très prospère, mais, lors de l’élection de novembre 2020, le Covid-19 avait mis au chômage des millions d’Américains, tandis qu’aucun vaccin n’existait. Osons le pari que, si les vaccins de Pfizer et de Moderna avaient été annoncés deux semaines plus tôt, juste avant l’élection, le résultat aurait pu être différent.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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