A Munich, les Européens rattrapés par l’urgence de se défendre face à la menace russe

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Est-ce la mort tragique d’Alexeï Navalny ? Le retrait des forces ukrainiennes de la petite ville d’Avdiïvka face à l’envahisseur russe, à la veille du deuxième anniversaire de l’invasion ? Les appels au secours des dirigeants ukrainiens sur la pénurie de munitions ? Ou le contrecoup des doutes semés par Donald Trump sur la solidité de l’Alliance atlantique ? Peut-être est-ce tout cela à la fois : un fort sentiment d’urgence sur la nécessité de défendre l’Europe s’est emparé des participants à la 60e Conférence de Munich sur la sécurité, qui se tient du vendredi 16 au dimanche 18 février.

Samedi matin, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a clairement sonné l’alarme, se disant convaincu que « Poutine peut perdre » mais à condition que les Occidentaux accélèrent et intensifient leurs livraisons de matériel militaire. « Le fait de maintenir l’Ukraine dans un déficit artificiel en matière d’armements, en particulier de munitions et de systèmes de frappe à longue portée, permet à Poutine de s’adapter à l’intensité actuelle de la guerre », a déclaré M. Zelensky, avant d’interpeller son auditoire au moyen d’une formule qui lui a valu des applaudissements nourris : « Ne demandez pas à l’Ukraine quand la guerre prendra fin. Mais demandez-vous plutôt pourquoi Poutine est encore capable de la poursuivre. »

La veille, déjà, une gravité accrue était perceptible à Berlin et Paris, où le président ukrainien s’était déplacé pour signer des accords bilatéraux de sécurité avec l’Allemagne et la France. A l’évidence, dans ces deux capitales européennes, il ne s’agit plus seulement d’aider l’Ukraine, mais aussi de mieux protéger l’Europe : un discours qui a cours depuis deux ans chez les voisins européens de l’Ukraine – Pologne et Etats baltes en tête – mais auquel les dirigeants ouest-européens étaient jusqu’ici beaucoup moins sensibles.

« La menace russe est réelle »

A Paris, vendredi soir, Emmanuel Macron a ainsi eu des mots beaucoup plus durs que précédemment sur l’état de la menace russe : « Le régime du Kremlin a agressé, il y a deux ans, l’Ukraine, pays européen. Il a intensifié et durci ses agressions contre notre pays sur le plan de la désinformation et sur le plan cyber. (…) La Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde », s’est inquiété le président français, pour qui « il y a clairement besoin d’un sursaut européen, et plus largement de nos alliés, de nos partenaires et de la communauté internationale ».

Samedi matin, à Munich, Olaf Scholz, qui a consacré l’intégralité de son intervention à la guerre en Ukraine, a fait passer le même message. « La menace russe est réelle. C’est pourquoi notre capacité de dissuasion et de défense doit être crédible et le rester, a déclaré le chancelier allemand. Poutine et ses généraux à Moscou doivent comprendre que nous, l’alliance militaire la plus puissante du monde, pouvons défendre chaque mètre carré de notre territoire ; il faut donc renforcer le pilier européen de l’OTAN, y compris en termes de dissuasion. »

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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