Au Mozambique, l’opposant Venancio Mondlane exclut de rejoindre le gouvernement

Share

Le principal opposant au Mozambique, Venancio Mondlane, instigateur d’une contestation électorale depuis des mois, n’attend « absolument rien » du pouvoir mais lui laisse cent jours. « Je ne veux pas faire partie du gouvernement. J’ai dit à plusieurs reprises que je ne voulais pas faire partie de l’exécutif », a écarté Venancio Mondlane dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP). « Nous n’avons absolument rien à attendre d’eux en termes de feuille de route pour la réconciliation et la paix au Mozambique », a jugé l’ex-chroniqueur politique à la télévision, âgé de 51 ans, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle du 9 octobre 2024.

Depuis le début de la contestation des résultats électoraux, plus de 300 manifestants sont morts, principalement tués par balles, d’après l’ONG locale Plataforma Decide. Le crédit du scrutin a été entamé par de multiples irrégularités relevées par plusieurs missions d’observation internationales.

« Venancio », comme il est simplement appelé par ses partisans, assure n’avoir « aucun contact direct » avec le nouveau président, Daniel Chapo, issu du Frelimo, le parti à la tête du pays depuis l’indépendance, il y a un demi-siècle. Son investiture s’est déroulée dans une capitale quadrillée par les forces de l’ordre et aux rues désertées, mercredi 15 janvier. Le même jour, sept personnes sont mortes dans des manifestions éparses à la suite de l’appel de Venancio Mondlane à « paralyser » le pays, selon Plataforma Decide.

La semaine d’avant, l’opposant avait drainé une marée humaine pour son retour de l’étranger – il a cité mercredi des séjours en Afrique du Sud, en Allemagne et aux Emirats arabes unis –, où il était passé dans la clandestinité pour des raisons de sécurité après l’assassinat de figures de l’opposition en octobre.

« Escalade de violence »

Celui qui accuse les autorités d’avoir truqué les élections a réédité son ultimatum au pouvoir, demandant l’application de 30 mesures lors des cent premiers jours. « Si ces mesures ne sont pas mises en œuvre, au moins une chose deviendra claire, c’est que ce gouvernement veut poursuivre l’escalade de violence et de misère contre le peuple », a-t-il déclaré.

Après avoir ironisé sur Daniel Chapo, qui, en « bon élève », a repris « 90 % de [s]es idées » lors de son discours inaugural, Venancio Mondlane a assuré n’avoir « aucun problème à continuer de produire des idées et des propositions ». « Ces idées sont libres d’être utilisées par le gouvernement, par quiconque souhaite le bien du pays. C’est dans ce sens que je coopère », a-t-il affirmé.

Mais pas question pour lui de signer un accord tel que celui discuté par le Frelimo avec certains partis d’opposition sans « garanties sur certaines questions fondamentales pour le peuple ». « Je vais signer un accord comme celui-là […] pour des avantages matériels alors que ces gens qui ont donné leur corps sous les balles […] ont sacrifié leur vie pour la lutte sans aucune forme de compensation ? », a lancé l’homme à l’habituel costume sombre et coupe afro, sans renouveler d’appel aux blocages.

Ces derniers, conjugués aux grèves, ont laissé percluse l’économie de cet Etat lusophone parmi les pays les plus pauvres et inégalitaires au monde. Selon un communiqué diffusé cette semaine, le port de Maputo a par exemple enregistré une baisse de 1 % de ses volumes annuels, attribuable au mouvement de contestation lancé fin octobre.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Source du contenu: www.lemonde.fr

Dernières nouvelles

Dernières nouvelles