Signe de leur caractère sensible et de leur capacité à enflammer la rue sénégalaise, les discussions se sont déroulées dans le plus grand secret. Ni journaliste pour glaner des informations dans les couloirs, ni observateur extérieur pour consigner les débats… les salles de l’immense centre de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, la ville nouvelle située à une trentaine de kilomètres de la capitale du Sénégal, étaient inaccessibles aux étrangers au dialogue national.
Des dizaines d’hommes politiques, de leaders religieux, de membres de la société civile, de syndicalistes se sont réunies pour tenter de mettre fin à la grave crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis l’annonce il y a trois semaines par le président Macky Sall du report de la présidentielle du 25 février. Un défi périlleux, alors que la plupart des candidats ont boycotté cette réunion.
Il a fallu attendre la fin de la journée de mardi 27 février et la clôture de cette grand-messe politique pour que la date tant attendue des Sénégalais soit connue. Les participants au dialogue national proposent que la présidentielle soit organisée le 2 juin.
Nouveau scrutin « dans les meilleurs délais »
Une échéance bien plus proche que celle du 15 décembre qui avait été fixée un temps par les députés, avant que le Conseil constitutionnel n’annule le changement de calendrier et exige qu’un nouveau scrutin soit organisé « dans les meilleurs délais » par les autorités compétentes. A la place, le chef de l’Etat a décidé de convoquer un dialogue national.
« Nous avons proposé le 2 juin car avant cette date, nous avons le ramadan, la korité et le carême. Ce sont des périodes religieuses qui ne sont pas propices à une campagne électorale » explique Djibril Wade, ancien député et conseiller spécial du président en matière juridique. Macky Sall avait quant à lui souhaiter que les électeurs soient convoqués aux urnes « avant l’hivernage », c’est-à-dire avant la saison des pluies qui commence au mois de juillet.
Il a aussi été décidé que la liste initiale des dix-neuf candidats validés par le conseil constitutionnel soit conservée, mais en introduisant une forme de repêchage – alors même que les décisions de la juridiction ne permettent théoriquement pas de recours. Les dossiers des candidats recalés vont ainsi être réexaminés, et certains pourraient finalement concourir.
« Nous avons aussi retenu le réexamen général des binationalités, même pour les dix-neuf qui ont été retenus », précise Magatte Sy, secrétaire national chargé des élections du parti démocratique sénégalais (PDS), dont le candidat Karim Wade a justement été recalé pour avoir renoncé trop tardivement à sa nationalité française. La constitution indique que les candidats doivent être exclusivement de nationalité sénégalaise.
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