Au cœur de Manhattan, à deux pas de la gare Grand Central, Moussa Ndiaye sort du Roosevelt Hotel transformé en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. A moins de deux mois du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, ce Sénégalais de 41 ans craint-il d’être expulsé par l’administration Trump ? « On n’a pas peur. On laisse tout dans les mains du bon Dieu ». Depuis un an, Moussa Ndiaye est hébergé à New York avec sa femme et ses deux enfants, dont l’un est né aux Etat-Unis, au coût moyen de 388 dollars (369 euros) la nuitée.
Il a pris la route de l’Amérique centrale, atterrissant au Nicaragua pour remonter par le Mexique, après être parti du Sénégal via Madrid. Après avoir franchi la frontière, il est arrivé à New York, où il a demandé l’asile et obtenu un permis de travail en mars. Un juge devait alors examiner sa demande d’asile. « L’audience a été annulée le jour même et aucune date n’a été fixée. » Depuis, il cherche du travail. Cette famille, qui a tout quitté et emprunté la caravane si dangereuse de l’Amérique centrale, assiste, philosophe, aux soubresauts de la politique américaine. « Le soir de l’élection de Donald Trump, franchement, je n’y ai même pas prêté attention. »
Peur de Trump ? Non !
Auri Maza, vénézuélienne de 31 ans, venue avec son mari et deux de ses enfants – elle a laissé ses jumeaux à ses parents à Caracas –, ne s’inquiète pas non plus outre mesure. Elle a franchi au printemps le Rio Grande à pied sec ou presque, tant le niveau du fleuve était bas. « Je me suis rendue aux autorités à El Paso et ils m’ont mise dans un autocar pour New York [le gouverneur républicain du Texas envoie les migrants dans les villes démocrates du Nord]», explique-t-elle, échangeant grâce au traducteur anglais-espagnol de son smartphone, tout en allaitant son bébé dans un café chic de Grand Central.
Elle habite dans un refuge de quelque 500 familles dans le quartier du Queens, où son fils de 8 ans est scolarisé. Elle est ravie d’être à New York, car « c’est très beau et [qu’]on [lui] a dit qu’on pouvait y être aidé pour ses papiers ». A-t-elle peur d’être déportée ? « Oui. » A-t-elle peur de Trump : « Non ! » Et d’écrire sur son smartphone : « Je ne sais pas ce qu’il fera en tant que président. On me dit que c’est une bonne personne et qu’il va aider les migrants qui se débrouillent bien. » Venue de République dominicaine, Yulissa, 24 ans, est plus dubitative : « Je ne sais toujours pas s’il va vouloir expulser tout le monde. »
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