Plusieurs jours après les avaries successives de deux câbles de télécommunication sous-marins en mer Baltique, qui ont réveillé les craintes de guerre hybride, un bateau de commerce chinois fait figure, selon les données analysées par Le Monde, de principal suspect dans ce possible sabotage inédit.
Depuis mardi 19 novembre en fin de journée, alors qu’il se dirigeait vers la sortie de la mer Baltique, le Yi-Peng 3, un vraquier de 225 mètres de long, est immobilisé au milieu du détroit du Cattégat, entre les côtes danoises et suédoises. Sous la bonne garde d’une frégate de la marine danoise : longtemps muettes, les forces armées du royaume ont fini par reconnaître, mercredi, leur présence aux côtés du navire chinois. Contrairement à ce que de nombreuses informations en ligne laissaient croire, le Danemark n’avait pas arraisonné le navire, jeudi en milieu de matinée.
Le ministre de la défense danois restait très prudent, mercredi en fin de journée : « Nous ne connaissons pas encore l’ampleur de l’incident, ni s’il s’agit d’un sabotage », a déclaré Troels Lund Poulsen. Même précaution côté suédois, alors que les investigations semblent à la main de Stockholm, les deux points de rupture des câbles se trouvant dans sa zone économique exclusive. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Lin Jian, a pour sa part affirmé que la Chine avait « toujours rempli pleinement ses obligations en tant qu’Etat du pavillon », ajoutant exiger « des navires chinois qu’ils respectent scrupuleusement les lois et les réglementations en vigueur ».
Une enquête de police confiée à l’unité de lutte contre le crime international et organisé, avec l’assistance des garde-côtes et de la marine suédoise, a été rapidement ouverte. « La police et le parquet s’intéressent à un navire qui a été vu sur les lieux en question. Le bateau n’est pas dans les eaux suédoises actuellement », selon un communiqué de la police. D’après des sources de la télévision publique suédoise, l’enquête se concentre particulièrement sur le Yi-Peng 3. Pour le comprendre, il faut remonter quelques jours en arrière.
Un navire à la trajectoire très suspecte
C’est de Russie qu’est parti ce vraquier. Sa balise AIS, le système informatique qui lui permet d’être visible par les autres bateaux, pointe dans le port d’Oust-Louga, à une centaine de kilomètres de Saint-Pétersbourg, le 10 novembre. Sur une photo satellite prise ce jour-là à 13 h 37 (heure française), il est amarré au vaste port pétrolier et méthanier. Les dimensions du navire et les heures d’émission de sa balise ont permis au Monde de l’identifier. Nous sommes alors une semaine avant la rupture des câbles en mer Baltique.
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Source du contenu: www.lemonde.fr