De retour de Gaza, le personnel d’Handicap International alerte sur la situation humanitaire dans l’enclave

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Des Palestiniens à Khan Younès, le 6 mars.
– / AFP

Après avoir passé une semaine à Rafah, Jean-Pierre Delomier, membre de l’association, affirme qu’«il n’y a plus d’endroit sûr» dans ce territoire.

«Pénuries extrêmes», «insécurité alimentaire», «omniprésence des bombardements», «effondrement du système de santé»… Engagé dans le secteur humanitaire depuis trente ans, Jean-Pierre Delomier est coutumier des terrains difficiles à travers le monde. Mais ce directeur adjoint pour les opérations internationales d’Handicap International a découvert, lors d’un voyage récent à Gaza, une réalité particulièrement terrible, qu’il a racontée à l’occasion d’une conférence de presse, ce mercredi, aux côtés de sa collègue Anne Héry, directrice du plaidoyer de l’association.

Cela fait près de cinq mois que les bombardements de l’armée israélienne tombent sur la bande de Gaza en réponse aux massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas. Depuis, l’enclave palestinienne est presque totalement hermétique : la population ne peut pas en sortir, et rares sont les étrangers qui parviennent à y pénétrer. Revenu il y a moins d’une semaine de Rafah, près de la frontière avec l’Égypte, où se trouvent 1,5 million de Palestiniens, Jean-Pierre Delomier a alerté sur le manque d’eau potable pour les réfugiés. «Il n’y a pas d’eau courante à Rafah. Celle qui coule des robinets est salée.» La population n’est que très peu ravitaillée en bouteilles d’eau et en nourriture. Pourtant, les véhicules d’approvisionnement sont prêts, mais ils restent «tankés à la frontière» égyptienne, regrette-t-il. À quelques centaines de mètres, ainsi, «des files de camions, sur des kilomètres, attendent de pouvoir entrer dans la bande de Gaza», a noté le professionnel.

Avant la crise, 500 véhicules pénétraient chaque jour à Gaza, aujourd’hui, il y en aurait en moyenne 90. Selon l’ONU, une «famine généralisée presque inévitable» menace la bande de Gaza. Jean-Paul Delomier, qui se garde d’utiliser ce terme en attendant des chiffres officiels, décrit des «pénuries extrêmes» et une grande «insécurité alimentaire».

Des sols jonchés d’explosifs

Face à l’absence de ravitaillement, les comportements à risques augmentent. Pour trouver de la nourriture, les Gazaouis se rendent dans des zones truffées d’engins explosifs encore actifs. «Mêmes s’ils sont conscients [du danger], ils préfèrent fouiller dans des ruines», explique Anne Héry. Pour Handicap International, le déminage est essentiel pour protéger la population. Deux des collaborateurs de l’association, spécialisés dans la «décontamination» des zones de guerre, entreront ce mercredi dans l’enclave pour évaluer les risques. Ces opérations de déminage permettraient de faciliter le retour des déplacés depuis le 7 octobre, qui seraient, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNWRA), près de 1,9 million, soit plus de 85% de la population de Gaza. Mais nombreux sont ceux qui veulent retourner chez eux. «Les bombes qui jonchent le chemin retour font qu’il va être très compliqué», note Jean-Pierre Delomier.

Alors que Benyamin Netanyahou a demandé à l’armée israélienne de se préparer à intervenir à Rafah, Anne Héry s’est montrée ferme : «La perspective une offensive à Rafah n’est pas imaginable.» Et s’«il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza» selon Jean-Paul Delomier, tout mouvement de population vers le nord entraînerait une dégradation de la situation humanitaire. Cela compliquerait l’acheminement de l’aide, qui peine déjà à accéder au Sud, alors que s’y trouvent Kerem Shalom et Rafah, les deux points d’entrée dans l’enclave. Pour les humanitaires, ainsi, «seul un cessez-le-feu permettra de répondre aux besoins» de la population.

Source du contenu: www.lefigaro.fr

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