Dans notre monde surmédiatisé, une information chasse l’autre avant même qu’on ait eu le temps d’en comprendre le sens. Et, pourtant, les déclarations de responsables israéliens, la mise en cause radicale de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) et l’imminente offensive terrestre de l’armée contre Rafah forment un tout très cohérent qui révèle le véritable objectif du gouvernement Nétanyahou : liquider la question palestinienne.
Toutes les déclarations des officiels israéliens convergent pour affirmer leur volonté d’en finir non seulement avec le Hamas, mais avec la population de la bande de Gaza pour qu’elle ne puisse plus y vivre. On les trouve tous les jours dans la presse israélienne. Pour Benyamin Nétanyahou, le 3 novembre 2023 : « C’est une guerre entre les fils de la lumière et les fils des ténèbres. Nous n’abandonnerons pas notre mission tant que la lumière n’aura pas vaincu les ténèbres. »
De son côté, le président Herzog, travailliste, a dit, le 12 octobre : « C’est toute une nation qui est responsable. Tous ces beaux discours sur les civils qui ne savaient rien et ne faisaient rien sont absolument faux. … et nous nous battrons jusqu’à leur briser la colonne vertébrale. » Quant au ministre de la défense, Yoav Gallant, le 9 octobre, il « impose un siège complet à Gaza. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de combustible. Tout est fermé ». Et d’ajouter : « Ceux que nous combattons sont des animaux et nous agissons en conséquence. »
L’UNRWA est, pour Israël, un obstacle majeur
Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), a expliqué, le 10 novembre : « Pour être clair, lorsque nous disons que le Hamas doit être détruit, cela englobe tous ceux qui apportent leur soutien… Ce sont tous des terroristes et tous doivent également être détruits. » Le général Giora Eiland a réitéré, le 9 octobre, son appel à rendre Gaza inhabitable : « L’Etat d’Israël n’a pas d’autre choix que de faire de Gaza un lieu où il sera temporairement, ou pour toujours, impossible de vivre. »
Ces propos ont été immédiatement mis en œuvre et, comme en miroir, un haut responsable de l’ONU constate que « la situation est devenue apocalyptique pour les Palestiniens chassés dans une poche au sud vivant dans une horreur absolue ». Ils « continuent d’être bombardés sans relâche par Israël, subissent l’état de siège et des destructions et sont privés de l’essentiel, comme la nourriture, l’eau, les fournitures médicales vitales ».
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