En Albanie, le centre de migrants de Giorgia Meloni est vu comme une « aubaine »

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Gjadër, petite bourgade perdue du nord de l’Albanie, était jusqu’ici bien plus marquée par l’émigration que par l’immigration. Situé à moins de sept kilomètres à vol d’oiseau de la côte Adriatique, ce village est, comme souvent dans les Balkans, un enchaînement de maisons abandonnées. « Les gens sont tous partis chercher du travail ailleurs en Europe », s’excuse Amarildo Pali, 26 ans, venu de la capitale, Tirana, mercredi 30 octobre, pour rendre visite à ses parents, rares âmes à être restées habiter dans cette région en voie de désertification avancée.

Depuis quelques mois, une agitation nouvelle réveille pourtant Gjadër. C’est en effet sur les ruines de la vieille base aérienne locale abandonnée depuis la chute du communisme, en 1991, que la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a décidé d’ériger le symbole de sa très restrictive politique migratoire d’« externalisation » du traitement des demandes d’asile. Au pied d’une colline desséchée, un mur flambant neuf de plusieurs mètres de haut cache un vaste centre de rétention fait de conteneurs empilés. Le puissant éclairage illumine toute la vallée.

Quelques engins de chantier sont encore en action, mais tout est censé être déjà prêt pour héberger dans ces dortoirs jusqu’à 3 000 migrants. Après avoir été sauvés en Méditerranée, les hommes issus de pays considérés comme « sûrs » seront amenés dans ce pays de 2,4 millions d’habitants qui ne fait pas encore partie de l’Union européenne (UE). Leur demande d’asile sera traitée derrière ces murs par les autorités italiennes.

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Ceux dont le statut de réfugié sera accepté seront ensuite transférés vers la Péninsule, tandis que les déboutés seront censés être expulsés directement vers leur pays d’origine. Du moins si ceux-ci acceptent de les reprendre dans le délai de séjour maximal de vingt-huit jours qui a été fixé par l’accord signé en novembre 2023 entre Rome et Tirana.

« Une aubaine »

Père du jeune Amarildo, Vat Pali fait aussi office de chef informel du village de Kakariki, limitrophe du centre de migrants. « Lorsqu’on a entendu la première fois parler de ce projet, on a eu peur que ces réfugiés s’attaquent à notre village. Mais quand on a vu l’investissement des Italiens, on a arrêté d’avoir peur, avec ces murs, c’est impossible qu’ils arrivent à s’échapper », se rassure depuis son jardin cet ingénieur de profession.

Lui voit surtout « l’impact positif » des dizaines de millions d’euros que le gouvernement italien a investis : « Pas mal de gens ont été embauchés pour la cuisine, le ménage ou les services de soins. On parle de salaire de 1 200 euros par mois, c’est un très bon salaire pour l’Albanie. Sans compter que les Italiens louent des maisons pour 400 euros par mois. Pour notre village perdu, c’est une aubaine. »

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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