LETTRE DE SAN FRANCISCO
Les démocrates de Californie attendent les primaires du 5 mars avec impatience. Cette année, le Golden State a rejoint le club des tenants du « super mardi » – les Etats qui organisent leurs primaires le même jour. Ils seront seize pour ce Super Tuesday 2024, de l’Alabama à la Virginie, en passant par le Texas, et donc, la Californie. Des millions d’électeurs vont départager leurs candidats aux différentes fonctions en jeu aux élections générales du 5 novembre : de la présidence aux assemblées locales, des tribunaux aux conseils scolaires…
En Californie, il faut aussi inclure les référendums, une prérogative de la démocratie participative en vigueur dans l’Etat le plus peuplé du pays. A San Francisco, les électeurs vont se prononcer le 5 mars sur le rétablissement de l’algèbre dans les collèges d’enseignement public. Accusée de renforcer les inégalités raciales, l’algèbre avait été bannie en 2014. En 2022, un rapport de chercheurs de Stanford a montré que la disparition de cette branche des mathématiques n’avait pas compensé le fossé entre les résultats des uns et des autres. En revanche, nombre de parents avaient transféré leurs enfants dans le privé…
Côté présidentielle, aucun suspense en Californie, pas plus qu’ailleurs. Le républicain Donald Trump et le démocrate Joe Biden sont assurés d’emporter la nomination de leur parti. Aucune surprise n’est attendue non plus du côté des candidats au Congrès. Nancy Pelosi, l’élue de la 11e circonscription de San Francisco, se représente à 83 ans, et aucun de ses sept adversaires n’est en mesure de s’emparer d’un fauteuil qu’elle occupe depuis 1987. Après l’attaque au marteau dont a été victime son mari, en octobre 2022, les milieux politiques avaient pensé qu’elle allait se retirer. Loin de là. L’ancienne présidente de la Chambre des représentants est de nouveau candidate pour « préserver la démocratie », a-t-elle expliqué.
Compétition coûteuse
De fait, la course qui occupe tous les esprits est celle qui oppose deux stars démocrates pour le siège du Sénat, laissé vacant par la disparition de Dianne Feinstein, la doyenne de la Haute Assemblée, morte en septembre 2023 à l’âge de 90 ans. Une compétition coûteuse, fratricide, dont les démocrates se seraient volontiers passés. Mais l’enjeu n’est pas mince. Avec près de 40 millions d’habitants, la Californie n’envoie que deux sénateurs à Washington (soi le même nombre que le Dakota du Nord et ses 775 000 résidents). La bataille est d’autant plus rude que le vainqueur est pratiquement assuré d’occuper la position à vie (sauf à être appelé à de plus hautes fonctions comme la vice-présidente Kamala Harris, sénatrice de Californie pendant quatre ans seulement, de 2017 à 2021).
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Source du contenu: www.lemonde.fr