L’ancien premier ministre conservateur, Alexander Stubb, a remporté, dimanche 11 février, l’élection présidentielle en Finlande face à son rival, Pekka Haavisto, dans un scrutin marqué par les tensions avec la Russie voisine depuis l’adhésion du pays à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).
« C’est tout à fait incroyable qu’un pays de la taille de la Finlande puisse organiser des élections aussi justes et honnêtes dans ce contexte de politique de sécurité », s’est félicité Alexander Stubb devant ses partisans, après être passé saluer Pekka Haavisto dans sa soirée électorale.
« C’est la guerre en Europe et à Gaza. C’est important pour le président de la Finlande de garder la tête froide et de s’efforcer de maintenir la paix ici et d’œuvrer pour la paix ailleurs », a dit M. Stubb, 55 ans, à la télévision publique Yle.
Les résultats définitifs le créditent de 51,6 % des voix, contre 48,4 % pour M. Haavisto, ancien ministre des affaires étrangères et membre des Verts, qui se présentait en indépendant. Lors de ce second tour, 70,7 % des quelque 4,3 millions d’électeurs se sont déplacés pour voter.
Le nouveau président, doté de pouvoirs limités par rapport au premier ministre, doit prendre ses fonctions le 1er mars. Elu pour six ans, le chef de l’Etat dirige la politique étrangère du pays en étroite coopération avec le gouvernement. Il est également commandant suprême des forces armées. Un rôle notable qui a encore pris de l’importance du fait des développements géopolitiques en Europe et de l’entrée dans l’OTAN de la Finlande, qui partage 1 340 kilomètres de frontière avec la Russie.
Adhésion à l’OTAN
Neutre pendant la guerre froide, le pays nordique a mis fin à trois décennies de non-alignement militaire après l’invasion de l’Ukraine. Il est devenu membre de l’Alliance atlantique l’an dernier, au grand dam de la Russie, qui a promis d’y répondre par des « contre-mesures ».
A la fin d’août, la Finlande a fait face à un afflux de migrants à sa frontière orientale, accusant Moscou d’orchestrer une crise migratoire à ses portes. Helsinki a fermé sa frontière avec son voisin en novembre, une mesure soutenue par l’ensemble des candidats à l’élection.
« Le fait que [le pays vienne] d’adhérer à l’OTAN revêt une importance considérable », car la façon dont l’Alliance va se déployer en Finlande « sera en grande partie une tâche pour le nouveau président », relève Theodora Helimaki, chercheuse en sciences politiques à l’université d’Helsinki.
Candidat du Parti de la coalition nationale (centre droit), Alexander Stubb était déjà arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 27,2 % des voix, devant le libéral Pekka Haavisto, membre du Parti vert (25,8 %). Tous deux anciens ministres des affaires étrangères, ils partagent la même vision sur la position à adopter vis-à-vis de la Russie, avec un renforcement des sanctions contre Moscou.
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En 2022, le président sortant, Sauli Niinistö, élu en 2012 et réputé être le dirigeant européen en exercice à s’être entretenu le plus régulièrement avec Vladimir Poutine, l’avait contacté directement pour lui annoncer la décision d’adhérer à l’OTAN. Depuis, silence radio et aucun des deux candidats ne s’attend à un coup de fil du Kremlin après le scrutin.
La différence entre les candidats, tous deux libéraux, se joue notamment sur la question du stockage et du transport des armes nucléaires en Finlande. M. Haavisto ne veut pas les autoriser, bien que, en tant que membre de l’OTAN, le pays nordique se doit de participer aux exercices relatifs à la politique nucléaire de l’Alliance. M. Stubb a quant à lui estimé que le pays ne devait exclure « aucune partie » de la politique de dissuasion nucléaire de l’OTAN.
Source du contenu: www.lemonde.fr