ANALYSE – De plus en plus de journalistes sont victimes de pression et de menaces depuis le début de l’année. Près de 70 professionnels du secteur ont été tués en 2022 et 2023.
En ce jour de janvier 2023, Iouri Nikolov n’arrivait pas à y croire. Ce journaliste d’investigation avait reçu quelques jours plus tôt la copie d’un contrat de 320 millions d’euros d’une source montrant que l’armée ukrainienne achetait des produits à des prix gonflés. Ce n’était pas la première fois que Iouri trouvait des preuves de malversations. Depuis 2010, son organisation, Nashi Hroshi («notre argent» en ukrainien), se donne pour objectif de mettre en lumière les détournements de fonds publics en analysant les appels de marchés publics passés par l’État ukrainien.
Mais, en vingt ans de carrière, l’enquêteur n’avait jamais dû faire face à un tel dilemme. Fallait-il publier au risque de compromettre le soutien occidental au ministère de la Défense, et donc à la population ukrainienne?
Tout sortira un jour ou l’autre, alors mieux vaut prendre le problème à bras-le-corps plutôt que de faire l’autruche
Iouri Nikolov
«Tout sortira un jour ou l’autre, alors mieux vaut prendre le problème à bras-le-corps plutôt que de faire l’autruche», philosophe le reporter, rencontré dans son bureau de Kiev par Le Figaro.
Après avoir…
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