Entre le Congo et la Belgique, le masque et l’enclume

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CHRONIQUE – Dans un geste diplomatique, le roi de Belgique Philippe a rendu un masque son ancienne colonie, le Congo. Un objet dont l’histoire a entaché les relations entre plusieurs ethnies.

C’est une curieuse affaire révélée par The Economist en mars dernier. La Belgique, rappelle le journal, s’est très mal conduite avec le Congo : à la fin du XIXe siècle, le roi Léopold II aurait transformé le territoire en une « gigantesque plantation d’esclaves », tuant et violant les autochtones à tire-larigot. Une vraie boucherie.

Alors, lorsque l’actuel roi de Belgique, Philippe, s’est rendu en République démocratique du Congo en juin dernier, il a décidé « d’ouvrir un nouveau chapitre » dans les relations entre les deux pays et a rendu un masque en bois connu comme le masque Kakuungu, une parmi des milliers d’œuvres d’art primitives qu’il a promis de restituer. Mal lui en a pris !

Le masque est vénéré par deux ethnies, les Sukus et les Yakas. Selon eux, c’est bien simple : l’objet offrirait rien de moins que le pouvoir d’invisibilité, permettrait de résister aux balles (la machette, c’est ringard) et donnerait toutes sortes de superpouvoirs à ceux qui le détiendraient. Alors, les Sukus et les Yakas ont formé une milice baptisée « Mobondo » et sont partis en guerre contre une autre ethnie, les Tekes, qu’ils n’appréciaient déjà pas beaucoup. On ignore si c’était pour récupérer le masque magique.

Résultat : 300 morts au moins et 160.000 personnes obligées de fuir. C’est un peu comme si les Normands et les Bretons partaient en guerre contre les Basques à cause d’un dolmen. On imagine l’embarras du roi Philippe qui croyait bien faire. S’il rend les milliers d’autres objets comme prévu, ça risque d’être sanglant.

Source du contenu: www.lefigaro.fr

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