Face à la guerre, les jeunes inquiets mais prêts à s’engager

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Des soldats français dans leur uniforme.
Dragoș Asaftei / stock.adobe.com

Les 18-25, selon une étude menée auprès de 2300 interviewés, tendent à démontrer que la jeune génération est déterminée à répondre aux menaces.

Sur les questions militaires, lucidité, inquiétude et patriotisme sont les sentiments dominants dans la jeunesse française, comme le révèle l’étude réalisée par la sociologue Anne Muxel, directrice déléguée du centre de recherche en sciences politiques de Sciences Po (CEVIPOF). Commandé par le ministère des armées, ce sondage, réalisé par l’IPSOS entre juin et juillet 2023, a interrogé 2300 Français et Françaises, âgés de 18 à 25 ans, sur leur rapport à « l’univers militaire ». Selon cette étude, un sur deux est attentif au « fait guerrier».

Engagement et inquiétude

« Contrairement à ce qui est souvent mis en avant dans les discours dominants, les jeunes n’ont pas renoncé à s’investir dans la chose publique. Ils ne sont pas repliés sur un individualisme frileux », explique le rapport. S’éloignant de « l’antimilitarisme » prégnant de la jeunesse des années 1970, la nouvelle génération penche davantage vers un « regain de patriotisme », selon Anne Muxel. Une petite majorité (57%) dit être prête à s’engager dans l’armée en cas de guerre. La proportion varie selon le bord politique et le genre, mais globalement les Français restent concernés. En cas de guerre, une femme sur deux et trois quart des hommes sont prêts à s’enrôler. Ils sont 47% de gauche et 72% de droite.

Se dissociant encore de leurs aînés, 62% des interrogés sont favorables à la restauration d’un service militaire obligatoire. Historien à l’IRSEM, Maxime Launay, a rappelé vendredi, lors de la présentation de cette étude, que les trois quarts des étudiants de 1980 plaidaient pour sa suppression. Des résultats qui peuvent étonner, tant cette jeunesse est née et vit dans une société française qui n’a pas été confrontée à la guerre « classique » sur son sol depuis plusieurs décennies. « Malgré la période de relative pacification des conflits, on voit que les jeunes perçoivent l’actualité de la guerre et l’importance des militaires », indique Anne Muxel.

Les nouvelles menaces, comme le terrorisme, le péril environnemental et la guerre cyber, ont été bien intériorisées par la nouvelle génération. Au cœur des préoccupations, on retrouve aussi la guerre en Ukraine et ses possibles évolutions. 77% des jeunes se disent inquiets des conséquences économiques que ce conflit pourrait avoir en France, et 73% d’entre eux estiment craignent qu’il ne déborde au-delà de l’Ukraine. L’attaque nucléaire est aussi un grand sujet d’inquiétude. « Pour cette génération, on est sorti de la dissuasion, et on peut en venir à un conflit nucléaire », explique Anne Muxel.

Limites des résultats

La chercheuse invite toutefois à recevoir ces résultats avec une certaine distance. « L’étude nous permet de saisir un potentiel. Mais il y a une différence entre les représentations et les dispositions et les pratiques réelles », explique-t-elle. En résumé, ce n’est pas parce que les jeunes disent être prêts à s’engager qu’ils le font, ou le feront. En outre, certains paraissent avoir une vision sublimée de la guerre, façonnée par la fiction et le numérique. En tête de file, les films comme Top Gun et les jeux vidéo comme Call Of Duty, où les joueurs ont un nombre de vies infini, participent à la «socialisation militaire» des jeunes, et surtout à leur idéalisation de cette institution.

Source du contenu: www.lefigaro.fr

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