Avdïivka est tombée. L’armée ukrainienne s’est retirée, samedi 16 février, de cette ville de l’est du pays, concédant à la Russie sa plus grande victoire symbolique après l’échec de la contre-offensive lancée par Kiev à l’été 2023.
« Conformément à l’ordre reçu, [nous nous] sommes retirés d’Avdiïvka pour aller sur des positions préparées à l’avance », a annoncé le général ukrainien Oleksandr Tarnavsky, qui commande cette zone, dans un message publié sur le réseau social Telegram dans la nuit de vendredi à samedi.
Confrontée à un manque de moyens croissant en raison notamment du blocage de l’aide militaire américaine, l’Ukraine pouvait difficilement éviter ce retrait face à la Russie. Forte de plus de soldats et de munitions, Moscou poussait ses troupes pour obtenir une conquête, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de l’invasion, le 24 février.
« Dans la situation où l’ennemi avance en marchant sur les cadavres de ses propres soldats et a dix fois plus d’obus (…), c’est la seule bonne décision », a justifié le général Tarnavsky. Les forces ukrainiennes ont ainsi évité l’encerclement, près de cette cité industrielle largement détruite, a-t-il assuré.
Il s’agit d’une première grande décision du nouveau commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, nommé le 8 février. Il l’a motivée par la volonté de « préserver » les vies de ses soldats.
Les forces russes « en surnombre »
« J’ai décidé de retirer nos unités de la ville et de passer à la défense sur des lignes plus favorables », a écrit Oleksandr Syrsky sur Facebook. « Nos soldats ont accompli leur devoir militaire avec dignité, ils ont fait tout leur possible pour détruire les meilleures unités militaires russes et infligé des pertes significatives à l’ennemi », a poursuivi le général Syrsky.
Avant d’officialiser l’abandon de la ville, le général Tarnavsky avait reconnu que « plusieurs soldats » ukrainiens avaient été « capturés » par les forces russes, qui sont « en surnombre en termes d’effectifs, d’artillerie et d’aviation ».
Avdiïvka, qui comptait environ 34 000 habitants avant l’invasion russe lancée en février 2022, a une valeur symbolique importante. La ville est aujourd’hui en grande partie détruite mais quelque 900 civils y demeurent, selon les autorités locales. Moscou espère que sa prise rendra plus difficiles les bombardements ukrainiens sur Donetsk.
Cette commune de l’est de l’Ukraine était brièvement tombée en juillet 2014 aux mains de séparatistes prorusses pilotés par Moscou, avant de revenir sous contrôle ukrainien et de le rester malgré l’invasion et sa proximité avec Donetsk, capitale séparatiste depuis dix ans.
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Selon Kiev, l’armée russe multipliait les vagues d’assaut depuis octobre 2023 pour prendre Avdiïvka, malgré des pertes humaines très élevées. La situation rappelait la bataille de Bakhmout, une ville que Moscou a conquise en mai 2023 après dix mois de combats, au prix de dizaines de milliers de morts et de blessés.
Zelensky attendu à Munich
Après l’échec de la contre-offensive estivale ukrainienne, ce sont les Russes qui sont passés à l’assaut, face à une armée ukrainienne qui peine à regarnir ses rangs et qui manque de munitions.
La prise d’Avdiïvka survient au moment où le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, mène une tournée européenne. A Berlin, il avait dit être en contact permanent avec le commandement militaire dont la principale tâche était, selon lui, de préserver la vie des soldats et de « minimiser les pertes ».
Dans ce contexte tendu, M. Zelensky a signé vendredi à Berlin avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, puis à Paris avec le président français, Emmanuel Macron, deux accords de sécurité bilatéraux. Il prévoit de participer samedi à la conférence de sécurité à Munich et d’y rencontrer la vice-présidente américaine, Kamala Harris.
Source du contenu: www.lemonde.fr