Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky évoque la possibilité d’échanger des territoires avec la Russie

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Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, semble multiplier les signes concernant de possibles négociations avec Moscou. Si le président américain parvient à amener l’Ukraine et la Russie à la table des négociations, « nous échangerons un territoire contre un autre », a affirmé M. Zelensky, dans un entretien avec le quotidien britannique The Guardian, mardi 11 février.

Il a ajouté qu’il ne savait pas quel territoire Kiev demanderait en retour. « Tous nos territoires sont importants, il n’y a pas de priorité », a-t-il dit. Le chef de l’Etat ukrainien a précisé qu’il pourrait échanger avec le président russe, Vladimir Poutine, la partie de la région frontalière russe de Koursk dont l’armée ukrainienne s’est emparée il y a six mois.

Volodymyr Zelensky a longtemps rejeté l’idée de négociations, affirmant vouloir battre la Russie sur le champ de bataille. Mais l’Ukraine est à la peine face à l’armée russe, qui avance dans l’est de son territoire. Il y a quelques jours, il a déclaré être prêt à des négociations directes avec son homologue russe et d’autres dirigeants pour mettre fin à la guerre lancée par le Kremlin il y a bientôt trois ans. Il avait ensuite précisé qu’« aucune décision concernant l’Ukraine ne peut être prise sans [les Ukrainiens], ni aucun plan [être signé] ».

Mardi, il a estimé que l’Europe seule ne pourrait garantir la sécurité de son pays. « Les garanties de sécurité sans l’Amérique ne sont pas de véritables garanties de sécurité », a-t-il affirmé au quotidien britannique alors qu’il doit rencontrer, vendredi, le vice-président américain, J. D. Vance, à la conférence sur la sécurité de Munich. Sont également annoncés en Allemagne l’émissaire spécial américain sur l’Ukraine, Keith Kellogg, et le secrétaire d’Etat, Marco Rubio.

« La possibilité de rénover l’Ukraine »

M. Zelensky assure, par ailleurs, que les Etats-Unis auront un accès prioritaire aux ressources minières stratégiques de son pays. Il avait expliqué qu’il avait présenté cette idée à Donald Trump en septembre, au cours de leur rencontre à New York et qu’il avait l’intention de proposer un plan plus détaillé « concernant les opportunités pour les entreprises américaines, tant dans la reconstruction de l’Ukraine d’après-guerre que dans l’extraction des ressources naturelles ukrainiennes ».

« Ceux qui nous aident à sauver l’Ukraine auront la possibilité de la rénover, avec leurs entreprises et les entreprises ukrainiennes. Nous sommes prêts à parler de toutes ces choses en détail », a-t-il dit au Guardian. L’Ukraine dispose de certaines des plus grandes réserves minérales d’Europe et il n’est « pas dans l’intérêt des Etats-Unis » que celles-ci tombent entre les mains de la Russie, a souligné le président ukrainien.

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Donald Trump s’est engagé à mettre rapidement fin au « carnage » de la guerre en Ukraine, y compris en faisant pression sur Kiev, qui a reçu des milliards de dollars d’aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate, Joe Biden.

Libération d’un prisonnier américain

Le président américain a dit, mardi, espérer que la libération par la Russie d’un Américain condamné à quatorze ans de prison pour possession de drogue marque le « début d’une relation » pour mettre fin à la guerre en Ukraine. « La Russie nous a très bien traités » dans ce dossier, s’est-il félicité. Marc Fogel, 63 ans, qui était détenu en Russie depuis 2021, est arrivée aux Etats-Unis mardi en soirée, ramené par l’émissaire spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé la Maison Blanche, rendant ainsi publique cette mission.

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L’administration Trump « a négocié un échange qui montre la bonne volonté des Russes et qui signale que nous allons dans la bonne direction pour mettre fin à la guerre terrible et violente en Ukraine », a déclaré l’exécutif américain dans un communiqué, sans donner plus de détails sur les termes de cet échange. M. Fogel, ancien employé de l’ambassade américaine et qui travaillait alors comme enseignant dans une école américaine à Moscou, avait été arrêté en possession de marijuana, selon lui prescrit, assurant ignorer que la loi russe n’en reconnaissait pas l’usage à des fins médicinales.

Donald Trump a également annoncé la prochaine visite en Ukraine de son secrétaire au Trésor, Scott Bessent, pour y rencontrer le président Zelensky. La veille, il avait évoqué, dans une interview, l’hypothèse que l’Ukraine devienne « russe un jour », exigeant au passage une compensation financière pour l’aide américaine apportée à Kiev jusqu’à présent.

« Je veux récupérer » cet argent, a-t-il dit, ajoutant avoir réclamé à Kiev l’équivalent de 500 milliards de dollars (482 milliards d’euros) de minerais, des métaux notamment utilisés dans l’électronique.

L’Ukraine dans une position difficile

Réagissant à ces déclarations qui brouillent encore plus les cartes quant à la position de la nouvelle administration, le Kremlin a salué cette reconnaissance d’une « réalité ». « Le fait qu’une part significative de l’Ukraine veuille devenir la Russie et soit déjà devenue la Russie, c’est une réalité », a affirmé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en référence aux annexions de quatre régions ukrainiennes – Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijia – revendiquées par Moscou à l’automne 2022, bien que Moscou n’en ait pas le contrôle total.

Kiev redoute tout règlement du conflit qui ne comprendrait pas d’engagements militaires fermes – comme une adhésion à l’OTAN ou le déploiement de troupes de maintien de la paix –, estimant qu’il ne ferait que permettre au Kremlin de préparer sa prochaine attaque.

Le président russe, Vladimir Poutine, considère que des pourparlers ne pourront avoir lieu que si l’Ukraine dépose les armes, cède les territoires revendiqués par Moscou et renonce à rejoindre l’OTAN. Kiev rejette ces conditions, qui constituent de facto une reddition. L’Ukraine est donc dans une position difficile, sans certitude sur la pérennité de l’aide américaine alors que, depuis un an, l’armée russe progresse, malgré de lourdes pertes, face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et manquant d’armements.

Le Monde avec AFP

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