Guerre Israël-Hamas, jour 136 : Israël menace de poursuivre son offensive à Gaza pendant le ramadan

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Les combats ont continué, lundi 19 février dans la bande de Gaza, où Israël menace de poursuivre son offensive contre le Hamas pendant le ramadan, si les otages ne sont pas libérés d’ici là. Y compris dans la région de Rafah, dans le Sud, où sont massés près d’un million et demi de civils palestiniens.

Le bilan humain ne cesse de s’alourdir dans le territoire palestinien assiégé, où 29 092 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon le ministère de la santé du Hamas, qui a dénombré 107 morts en vingt-quatre heures dans des dizaines de frappes, notamment sur Rafah et sur la ville voisine, Khan Younès.

« Le monde doit savoir et les leaders du Hamas doivent savoir. Si d’ici au ramadan nos otages ne sont pas à la maison, les combats vont continuer partout, y compris dans la région de Rafah », a averti dimanche Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Nétanyahou.

« Le Hamas a le choix. Ils peuvent se rendre, libérer les otages, et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du ramadan. » Selon lui, une offensive terrestre à Rafah se ferait dans le cadre d’un dialogue avec les « partenaires américains et égyptiens », « en facilitant l’évacuation des civils » pour « minimiser (…) autant que possible » le nombre de victimes civiles. Israël n’a pas dit où, ni comment, ces civils seraient évacués. Mais l’Egypte a exprimé son rejet de tout « déplacement forcé » des Palestiniens vers son territoire.

L’UE quasi unanime pour appeler à une « pause humanitaire immédiate » à Gaza

Vingt-six des vingt-sept Etats qui composent l’Union européenne ont appelé à « une pause humanitaire immédiate susceptible de conduire à un cessez-le-feu durable » à Gaza, a annoncé lundi 19 février le chef de la diplomatie du bloc communautaire, Josep Borrell.

Cette pause qu’ils appellent de leurs vœux devra permettre aux otages retenus à Gaza d’être libérés, et à l’aide humanitaire d’y être acheminée, a ajouté M. Borrell. S’il n’a pas précisé quel gouvernement n’a pas signé cet appel, les milieux diplomatiques soulignent que la Hongrie a refusé, il y a quelques jours, de s’associer à une démarche semblable.

Au Liban, des frappes israéliennes font au moins quatorze blessés

Au moins deux frappes israéliennes ont visé, lundi 19 février, une localité proche de la principale ville du sud du Liban, Saïda, faisant quatorze blessés, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) une source sécuritaire. L’armée israélienne affirme avoir ciblé des « dépôts d’armes du Hezbollah ». Un photographe de l’AFP a entendu au moins deux explosions à quelques secondes d’intervalle à Gazieh, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec Israël. Selon lui, l’un des raids a visé un entrepôt situé à proximité de l’autoroute côtière et au-dessus duquel s’échappait un épais nuage de fumée. Des ambulances se sont rendues sur les lieux.

Selon l’Agence nationale d’information, les frappes ont visé un entrepôt dans lequel étaient fabriqués des pneus et des générateurs électriques, ainsi que les environs d’une usine, faisant « quatorze blessés, pour la plupart des travailleurs syriens et palestiniens ». Deux pompiers ont été blessés en tentant de maîtriser l’incendie qui s’est déclaré, selon la même source. Dans un communiqué, l’armée israélienne a déclaré que son aviation avait frappé « deux entrepôts d’armes du Hezbollah adjacents à Saïda », en réponse au « lancement d’un drone vers (…) le nord d’Israël ».

Selon l’armée israélienne, le drone a probablement été lancé par le Hezbollah, qui annonce quotidiennement des attaques contre des positions militaires israéliennes. L’armée répond par des bombardements aériens et d’artillerie qui, selon elle, visent les « infrastructures » du parti et les mouvements des combattants à proximité de la frontière.

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Le parti chiite, qui dit agir en soutien au Hamas, après la guerre lancée par Israël contre ce dernier dans la bande de Gaza, n’a pour l’instant pas revendiqué l’attaque de drone.

Des experts de l’ONU veulent une enquête sur des allégations de violences contre des Palestiniennes

Des experts en droits humains de l’ONU ont demandé, lundi 19 février, une enquête indépendante sur des « allégations crédibles de violations flagrantes des droits humains » visant des Palestiniennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ils citent des informations selon lesquelles des femmes et des filles auraient été « arbitrairement exécutées à Gaza, souvent avec des membres de leur famille, y compris leurs enfants ».

« Nous sommes choqués par les informations faisant état de femmes et d’enfants palestiniens délibérément visés et d’exécutions extrajudiciaires » alors que ces personnes « cherchaient un refuge ou qu’elles fuyaient », ont-ils déclaré.

Bon nombre des personnes détenues auraient été soumises à des « traitements inhumains et dégradants », notamment de violents passages à tabac, et se verraient refuser des serviettes hygiéniques, de la nourriture et des médicaments. Les experts expriment leur inquiétude particulière face aux informations faisant état de « multiples formes d’agression sexuelle », notamment des viols sur au moins deux détenues, tandis que d’autres ont été « déshabillées et fouillées par des officiers masculins de l’armée israélienne ».

Les experts indépendants, qui sont nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU mais ne représentent pas l’ONU, pointent également du doigt la « détention arbitraire de centaines de femmes et de filles palestiniennes », notamment des défenseuses des droits humains, des journalistes et des humanitaires, depuis l’attaque sans précédent, le 7 octobre 2023, du Hamas sur le sol israélien. Leur communiqué a suscité une vive réaction d’Israël, qui a qualifié leurs affirmations de « méprisables et sans fondement ».

L’ONU craint une « explosion » des décès d’enfants à Gaza

« La bande de Gaza est sur le point d’assister à une explosion du nombre de décès évitables d’enfants, ce qui pourrait aggraver le niveau déjà insoutenable de décès d’enfants à Gaza », a déclaré, lundi, Ted Chaiban, responsable adjoint de l’action humanitaire au sein de l’Unicef.

Au moins 90 % des enfants de moins de cinq ans à Gaza sont touchés par une ou plusieurs maladies infectieuses, selon un rapport de l’Unicef, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme alimentaire mondial (PAM). Au cours des deux semaines précédant cette évaluation, 70 % d’entre eux ont souffert de diarrhée, soit 23 fois plus par rapport à la situation de référence de 2022. Les agences onusiennes affirment que les denrées alimentaires et l’eau potable sont devenues « extrêmement rares » dans le territoire palestinien.

« La faim et la maladie sont une combinaison mortelle », a déclaré Mike Ryan, chargé des situations d’urgence au sein de l’OMS, dans un communiqué. « Les enfants affamés, affaiblis et profondément traumatisés sont plus susceptibles de tomber malades, et les enfants malades, en particulier ceux souffrant de diarrhée, ne peuvent pas bien absorber les nutriments », a-t-il ajouté.

Selon l’évaluation de l’ONU, plus de 15 % des enfants de moins de deux ans souffrent de « malnutrition aiguë » dans le nord de Gaza, presque totalement privée d’aide humanitaire. « Les données ayant été recueillies en janvier, la situation risque d’être encore plus grave aujourd’hui », ont averti les agences de l’ONU.

Dans le sud de la bande de Gaza, 5 % des enfants de moins de deux ans souffraient de malnutrition aiguë, selon l’évaluation. « Un tel déclin de la situation nutritionnelle d’une population en trois mois est sans précédent dans le monde », ont-elles déclaré.

Les Palestiniens accusent Israël d’« apartheid » devant la CIJ

« Les Palestiniens subissent aussi bien le colonialisme que l’apartheid » et « certains s’indignent de ces paroles mais ils devraient s’indigner de la réalité qui est la nôtre », a déclaré lundi le chef de la diplomatie palestinienne, Riad Al-Maliki, devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU.

La juridiction, qui siège à La Haye, tient cette semaine des audiences sur les conséquences juridiques de l’occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967, avec un nombre inédit de 52 pays appelés à témoigner. Israël ne participe pas aux audiences, mais a appelé la Cour à rejeter la demande d’avis dans une contribution écrite datée du 24 juillet 2023.

Riad Al-Maliki a appelé la Cour à déclarer l’occupation illégale et à ordonner d’y mettre fin « immédiatement, totalement et sans condition ».

« Une justice retardée équivaut à un déni de justice, et le peuple palestinien est privé de justice depuis bien trop longtemps », a-t-il affirmé devant les magistrats. « Il est temps de mettre fin aux deux poids, deux mesures dont souffre le peuple palestinien depuis trop longtemps ». Selon M. Al-Maliki, « le génocide en cours à Gaza est le fruit de décennies d’impunité et d’inaction. Mettre fin à l’impunité d’Israël est un impératif moral, politique et juridique ».

Le Monde

Source du contenu: www.lemonde.fr

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