Guerre Israël-Hamas, jour 185 : « Il y a une date », déclare Benyamin Nétanyahou à propos de l’offensive sur Rafah

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Retrouvez ici notre point sur la situation d’hier.

Israël maintient ses projets d’offensive sur Rafah, ville frontalière avec l’Egypte, dans le sud de la bande de Gaza, où près d’un million et demi de Palestiniens ont trouvé refuge. Lundi 8 avril, le ministère de la santé du Hamas a annoncé la mort de 32 Palestiniens en vingt-quatre heures, portant le bilan total, après six mois de guerre, à 33 207 morts. Côté israélien, la guerre a entraîné la mort de 1 170 personnes, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse (AFP) à partir des chiffres officiels israéliens.

Sur le terrain, des témoins ont raconté à l’AFP que plusieurs frappes aériennes avaient touché une maison et des terres agricoles à Rafah, ainsi que les secteurs de Nousseirat et de Deir Al-Balah, dans le centre du territoire assiégé. Des tirs d’artillerie ont également visé le sud-ouest de la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a réitéré sa détermination à détruire le Hamas « dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah », malgré l’inquiétude de la communauté internationale et les pressions de son allié américain, qui désapprouve l’opération. La victoire sur le mouvement islamiste palestinien « exige l’entrée dans Rafah et l’élimination des bataillons terroristes qui s’y trouvent. Cela se fera – il y a une date », a déclaré lundi M. Nétanyahou dans une déclaration vidéo.

Les Etats-Unis ont réaffirmé avec force lundi leur opposition à toute opération israélienne majeure à Rafah : « Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste sur ces civils et qu’elle nuirait en fin de compte à la sécurité d’Israël », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.

Des milliers de Palestiniens ont regagné Khan Younès

Les soldats israéliens se sont retirés dimanche de la grande ville de Khan Younès, épicentre des combats depuis plusieurs mois, afin de « préparer la poursuite de leurs missions (…) dans la zone de Rafah », à la frontière avec l’Egypte, avait déclaré le ministre de la défense, Yoav Gallant. Depuis, des milliers de Palestiniens ont regagné Khan Younès, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes. Des photos de l’AFP ont montré des hommes, des femmes et des enfants se frayant un chemin entre les ruines de la ville, défigurée.

Les Etats-Unis appellent le Hamas à accepter une proposition de cessez-le-feu

Parallèlement, de nouvelles négociations indirectes en vue d’une trêve sont en cours cette semaine entre Israël et le Hamas, dont des responsables ont rencontré au Caire des médiateurs de l’Egypte, des Etats-Unis et du Qatar. Les Etats-Unis ont affirmé lundi que les médiateurs avaient présenté au Hamas une proposition de cessez-le-feu. « La situation actuelle est la suivante : une proposition a été présentée au Hamas, et nous attendons [s]a réponse », a fait valoir John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche.

Les pourparlers ont été « sérieux », mais il est trop tôt pour dire s’ils vont porter leurs fruits, selon la Maison Blanche. Des responsables israéliens et du Hamas ont toutefois tempéré lundi les espoirs de trêve et de libération des otages retenus à Gaza, ces nouvelles négociations indirectes au Caire n’ayant pas permis d’après eux de surmonter les blocages. « Maintenant, il revient au Hamas de (…) concrétiser [la trêve] », a affirmé John Kirby devant la presse, refusant de révéler des détails de cet accord pour ne pas le « torpiller ».

Le ministre de la défense israélien juge « le moment opportun » pour une trêve

La perspective d’un cessez-le-feu met sous pression Benyamin Nétanyahou. Ses alliés au sein de la coalition au pouvoir le mettent en garde contre des concessions trop importantes faites au Hamas. « Si le premier ministre décide de mettre fin à la guerre sans attaquer Rafah afin de vaincre le Hamas, il n’aura pas de mandat pour continuer à servir en tant que premier ministre », a prévenu lundi le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, du parti d’extrême droite Force juive.

Le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, a de son côté jugé lundi « le moment opportun » pour conclure une trêve avec le Hamas, en échange de la libération des otages enlevés lors de l’attaque du 7 octobre 2023. Selon M. Gallant, « les conditions opérationnelles que l’armée israélienne a créées en mettant une pression incessante sur le Hamas et la position de force où nous nous trouvons après cette campagne nous offrent flexibilité et liberté d’action ».

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Lors d’une visite aux Etats-Unis, le centriste Yaïr Lapid, a par ailleurs dit à la presse qu’« un accord sur les otages est réalisable. C’est un accord difficile, c’est un accord que nous n’aimerons peut-être pas, mais il est faisable et doit donc être conclu ». M. Lapid a précisé que l’opposition offrirait un soutien temporaire au gouvernement de droite de M. Nétanyahou si ce dernier approuvait un accord soutenu par les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar, qui prévoirait la libération des otages retenus par le Hamas et une trêve dans la guerre de Gaza, entrée dans son septième mois.

« Nous devons nous assurer que nous faisons de notre mieux pour éviter de faire du mal à la population de Gaza. Nous ne sommes pas en guerre contre les enfants de Gaza. Les enfants ne devraient pas être victimes dans les guerres des adultes. D’un autre côté, il ne faut pas oublier que nous combattons une terrible organisation terroriste qui les utilise comme boucliers humains », a-t-il encore ajouté.

A l’ONU, Israël s’oppose à l’adhésion palestinienne

L’ambassadeur israélien à l’ONU a dénoncé lundi avec virulence la requête palestinienne d’adhésion à l’organisation internationale, au moment où le Conseil de sécurité commence officiellement à examiner cette démarche au succès plus qu’improbable. Les Palestiniens ont depuis 2012 un statut « d’Etat non membre observateur ». Ils ont officiellement relancé la semaine dernière une requête datant de 2011 pour devenir membre à part entière de l’ONU.

« Le Conseil de sécurité discute en ce moment de la reconnaissance d’un Etat “palestinazi” », a lancé Gilad Erdan à la tribune de l’Assemblée générale, estimant qu’accorder cette demande serait « la récompense la plus abominable pour les crimes les plus abominables ».

Les observateurs doutent toutefois que l’initiative passe l’étape du Conseil en raison de la position des Etats-Unis qui, en 2011 déjà, s’étaient opposés à cette démarche. « Notre position n’a pas changé », a insisté lundi l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood, répétant que la reconnaissance d’un Etat palestinien devait se faire dans le cadre d’un accord avec Israël, pas à l’ONU.

« Tout ce que nous demandons, c’est de prendre notre place légitime au sein de la communauté des Nations », a plaidé l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, qui espère un vote du Conseil de sécurité le 18 avril.

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Le Monde avec AFP

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