Le géant japonais de la pharmacie Kobayashi englué dans une affaire d’intoxication alimentaire

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Le géant japonais de la pharmacie, Kobayashi, est secoué depuis des mois par un scandale d’intoxications mortelles provoquées par la consommation de ses suppléments alimentaires à base de levure de riz rouge, ou beni koji.

A l’origine de graves problèmes rénaux, cette intoxication a déjà provoqué le décès de soixante-seize personnes, a admis l’entreprise, vendredi 28 juin. Le 30 juin, Yoshitaka Isaka, vice-président de la société japonaise de néphrologie, expliquait que 85 % d’une centaine de victimes non décédées garderaient des séquelles à vie.

Kobayashi est par ailleurs dans le viseur du ministère de la santé, qui lui reproche son manque de coopération et de réactivité, une attitude qualifiée de « regrettable » par le ministre, Keizo Takemi : « L’enquête ne peut pas rester entre les mains de Kobayashi. Le ministère va la prendre en charge. »

Vent de panique

La première alerte date de la mi-janvier. Des médecins signalent alors à Kobayashi des problèmes rénaux chez des patients qui avaient ingéré des compléments alimentaires, en l’occurrence le Beni Koji Choleste Help, censé réduire le « mauvais » cholestérol LDL. Or, cette alerte est restée sans réponse, et ce n’est qu’en mars que la société a signalé cinq décès au gouvernement. Elle a au même moment annoncé le rappel des produits incriminés.

Par la suite, il a fallu plusieurs injonctions du ministère pour que le groupe familial, fondé en 1886 à Osaka, transmette plus d’informations. Kobayashi a invoqué des difficultés à établir un lien entre les problèmes de santé et la consommation de ses produits. Depuis les révélations de mars, le groupe a enquêté sur 1 656 consultations, 289 hospitalisations et 170 décès. Sur ces 170 décès, soixante-seize seraient donc liés à la consommation de ses produits.

L’affaire a provoqué un vent de panique, car Kobayashi vend sa levure – un produit traditionnel utilisé en Asie comme supplément alimentaire, rehausseur de goût ou colorant dans le saké, le miso ou encore la médecine traditionnelle – à 173 entreprises au Japon et à deux de Taïwan. Les groupes taïwanais ont rappelé à titre préventif 154 produits en contenant, a fait savoir Taipei.

Moisissure bleue

La cause elle-même de l’intoxication tarde à être établie avec précision. L’une des cinq premières victimes signalées n’en avait pas consommé. Les décès seraient dus à une contamination à l’acide pubérulique, un composé toxique naturel dérivé d’une moisissure bleue retrouvée dans l’usine d’Osaka d’où sont sortis, entre avril et octobre 2023, les produits incriminés. Vieillissante, cette usine a été fermée en décembre. La production des ingrédients de la levure de riz rouge se fait désormais dans le département de Wakayama (Ouest).

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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