Ce n’est sans doute pas une coïncidence de calendrier. Le jour où Vladimir Poutine a signé un décret sur la conscription d’automne, le gouvernement russe a dévoilé, pour son projet de loi budgétaire 2025, une hausse record des dépenses militaires. Le chef du Kremlin a, lundi 30 septembre, ordonné que plus de 130 000 Russes âgés de 18 à 30 ans soient envoyés au service militaire d’ici à la fin de l’année. Au même moment, le ministère des finances a annoncé une envolée de 30 % du budget de la défense. Le message est clair : plus de deux ans et demi après le lancement de « l’opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine, près de deux mois après l’expansion des combats en Russie depuis l’incursion de l’armée ukrainienne dans la région de Koursk, le président et son gouvernement confirment leur détermination à poursuivre l’offensive, quels qu’en soient les coûts humains et économiques.
L’état-major général des forces armées a certes déclaré que les jeunes appelés dans le cadre de la conscription d’automne « ne seront pas impliqués » dans les zones de « l’opération spéciale ». Pareilles promesses ont déjà été tenues régulièrement à partir du 24 février 2022 et le début de l’offensive en Ukraine. Mais, depuis, des familles ont raconté que leurs fils avaient été envoyés près du front. La conscription du printemps avait déjà convoqué 150 000 jeunes hommes. Et, le 16 septembre, le Kremlin a officialisé un décret ordonnant une hausse globale de près de 15 % du nombre de soldats, en le portant à 1,5 million contre 1,32 million actuellement. Un actif sur cinquante en Russie sera dès lors dans l’armée qui, d’après des médias russes, deviendrait la deuxième plus grande au monde après celle de la Chine. Le Kremlin fait face à un défi de plus en plus pressant : avec l’expansion du conflit, étendu désormais de la Crimée à la région de Koursk, il va falloir davantage d’hommes au front mais aussi sur l’arrière-front. Les jeunes appelés pourraient donc être amenés à effectuer des missions en retrait confiées jusque-là à leurs aînés désormais envoyés en Ukraine.
Tout cela a un coût. Il ne cesse de croître. Le budget 2025 qui, autre coïncidence de calendrier soigneusement mise en scène, a été dévoilé le jour du deuxième anniversaire de l’annexion revendiquée de quatre régions ukrainiennes, doit désormais être voté par le Parlement puis signé par le président. Une formalité sans débats ni suspense dans un système parlementaire aux ordres du Kremlin. Les chiffres annoncés seront donc quasiment les chiffres finaux : les dépenses de défense vont atteindre en 2025 près de 13 500 milliards de roubles (130 milliards d’euros au taux actuel).
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