Le Royaume-Uni est officiellement entré en récession au second semestre 2023. Selon les données publiées par le Bureau national des statistiques britannique, jeudi 15 février, le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,3 % au quatrième trimestre 2023, après une chute de 0,1 % lors des trois mois précédents. Deux trimestres de contraction d’affilée sont la définition de la récession.
Au total, sur l’ensemble de 2023, le Royaume-Uni affiche une quasi-stagnation, avec une très légère croissance de 0,1 %. A l’exception de la pandémie de Covid-19, c’est le pire résultat depuis la grande crise financière de 2009.
L’ensemble de la zone euro fait mieux (0,5 % de croissance en 2023), de même que la France (0,9 %), l’Italie (0,6 %) ou les étonnants Espagne (2,5 %) et Portugal (2,3 %). Tous les grands secteurs du Royaume-Uni ont suivi cette pente descendante au dernier trimestre : services (− 0,2 %), production industrielle (− 1 %), construction (− 1,3 %).
Le pays malade de l’Europe
Avec l’Allemagne, dont le PIB a reculé de 0,3 % sur l’ensemble de 2023, le Royaume-Uni confirme ainsi sa place de pays malade de l’Europe. De passage à Londres, lundi 12 février, Christian Lindner, le ministre de l’économie allemand, le reconnaissait ouvertement : « La situation économique [entre les deux pays] est similaire, mais, au Royaume-Uni, c’est à cause du Brexit, alors qu’en Allemagne, c’est à cause de la forte montée des taux d’intérêt et du choc énergétique. Nous étions très dépendants des importations bon marché de combustibles fossiles de Russie. »
Il s’agit d’un raccourci. Le Royaume-Uni souffre, comme l’ensemble de l’Europe, d’une très forte poussée d’inflation, provoquée par la sortie de la pandémie et la guerre en Ukraine. Héritage de la découverte d’hydrocarbures en mer du Nord dans les années 1970, le pays est très dépendant du gaz. La grande majorité des chauffages individuels et le tiers de la production d’électricité fonctionnent avec cet hydrocarbure. Certes, il n’y avait presque aucune importation venant de Russie avant la guerre, mais le choc sur les prix du gaz a été le même à travers tout le continent, et son impact économique a donc été tout aussi violent.
Face à l’inflation, la Banque d’Angleterre a fortement augmenté ses taux d’intérêt, de 0,1 % à 5,25 %. Au Royaume-Uni, où les prêts immobiliers doivent être renégociés tous les deux ou cinq ans, cela signifie qu’un peu plus de 100 000 ménages chaque mois doivent revoir leurs emprunts à la hausse, avec une augmentation des montants à rembourser d’environ 4 000 euros par an.
Il vous reste 30% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source du contenu: www.lemonde.fr