Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, ses ministres et ses partisans martèlent le caractère existentiel de la guerre menée par Israël contre le Hamas, dans la bande de Gaza, et contre le Hezbollah, au Liban.
Il n’en est que plus important de rappeler que ces deux milices n’existeraient tout simplement pas si l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) n’avait pas été expulsée par Israël du Liban en 1982, permettant au Hezbollah de s’implanter dans l’espace ainsi laissé vacant. Et si l’OLP avait pu mener à son terme le processus de paix lancé avec Israël en 1993, l’effondrement de ce processus ayant fait le lit du Hamas, avant de lui offrir, en 2007, les clefs de Gaza.
Un tel rappel historique relativise ainsi la portée des succès militaires d’Israël, aussi spectaculaires soient-ils, car l’élimination de l’ennemi du moment facilite souvent l’émergence à terme d’un adversaire encore plus redoutable. La seule victoire durable pour Israël, surtout dans le cadre de l’actuel rapport de force écrasant en sa faveur, ne pourra être que d’ordre politique, même si une telle évidence peine à s’imposer face à l’escalade en cours.
L’OLP expulsée du Liban au profit du Hezbollah
C’est à partir de 1969 que le chef de l’OLP, Yasser Arafat, organise, depuis le Liban, les raids de ses fedayins en territoire israélien, au nom de la lutte armée pour la « libération de la Palestine ». Les bombardements réguliers de l’armée israélienne n’empêchent pas l’OLP d’implanter un véritable « Etat dans l’Etat » au Liban et de développer son activité diplomatique à partir de Beyrouth.
En mars 1978, l’attentat le plus meurtrier jamais perpétré par l’OLP en Israël (38 civils tués) entraîne une première invasion du Liban par l’armée israélienne, contrainte de se retirer sous la pression des Etats-Unis. En juin 1982, le premier ministre Menahem Begin et son ministre de la défense, Ariel Sharon, lancent une invasion, cette fois de grande ampleur, dont le but est d’éliminer Arafat et les fedayins, assiégés dans Beyrouth durant de longues semaines.
Mais le chef de l’OLP et des milliers de ses combattants sont évacués du Liban sous la protection conjointe de la France et des Etats-Unis, Arafat choisissant de s’installer dans la lointaine Tunisie, alors siège de la Ligue arabe.
L’expulsion de l’OLP laisse le champ libre au Hezbollah, littéralement le « parti de Dieu », établi clandestinement au Liban dès l’été 1982 sous l’égide des renseignements syriens du régime Assad et des gardiens de la révolution venus d’Iran. Même si le Hezbollah opère secrètement sous différentes dénominations avant d’officialiser son existence, en 1985, il va d’emblée recruter dans la masse de miliciens chiites formés et jusque-là payés par l’OLP.
Il vous reste 51.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source du contenu: www.lemonde.fr