Dans un contexte de tensions croissantes entre la Pékin et New Delhi, le ministère maldivien de la Défense a annoncé mardi que son pays allait recevoir un soutien militaire de la deuxième puissance économique mondiale.
Dans l’espace indo-pacifique, les allers-retours des petites puissances entre les géants indien ou chinois sont devenus habituels. Dernier cas en date, les Maldives, proches de New Delhi jusqu’à récemment, se sont rapprochées, sur le plan militaire, de Pékin. Ce mardi, le ministère de la Défense a annoncé sur X – ex-Twitter – avoir signé un accord d’« assistance militaire » avec la Chine. Une déclaration qui confirme l’inclination pro-Pékin du président Mohamed Muizzu, et sa volonté de s’éloigner de New Delhi.
Élu chef d’État des Maldives fin 2023, Mohamed Muizzu a mené une campagne dont le slogan était « L’Inde dehors », prenant le contrepied du président sortant, Ibrahim Solih. Peu après sa prise de fonction, le nouveau dirigeant a demandé le retrait des troupes militaires indiennes présentes sur son territoire. Un sujet sur lequel il est revenu ce lundi, lors d’un rassemblement à Malé, la capitale, durant lequel il a affirmé que les 89 militaires auront quitté le pays d’ici le 10 mai prochain.
Un peu plus tard dans la journée, un « accord sur la fourniture d’une assistance militaire » était signé entre le ministre maldivien de la Défense, Mohamed Ghassan Maumoon, et le général Zhang Baoqun, directeur adjoint du Bureau de la coopération militaire de la Chine. Si les autorités des Maldives ont précisé que ce soutien était « gratuit » et qu’il visait à « renforcer les liens » entre les deux pays, elles n’ont donné aucun détail sur son contenu. Selon le ministère de la Santé, Pékin aurait aussi offert 12 ambulances à Malé dimanche.
« Mauvaise nouvelle » pour l’Inde
Les Maldives avaient déjà donné des signes de rapprochement avec la Chine le mois dernier. Le pays avait autorisé le « Xiang Yang Hong 3 », un navire chinois qui fait officiellement de l’exploration océanographique mais est soupçonné d’espionnage, à faire une escale dans le port de sa capitale. Le Sri Lanka, qui balance aussi entre les deux grandes puissances asiatiques, avait refusé pour sa part qu’il vienne naviguer dans ses eaux territoriales, après que l’Inde a fait part de réticences.
À New Delhi, l’annonce de l’accord militaire entre Malé et Pékin est reçue comme « une mauvaise nouvelle, mais pas [comme] une surprise », explique Olivier Da Lage, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), au Figaro. « Les Maldives étaient un point très important pour l’Inde, qui s’en servait pour surveiller le trafic maritime, et surtout les navires chinois », poursuit-il. Soulignant l’emplacement stratégique de l’archipel, il rappelle la tactique chinoise « du collier de perles », qui consiste à installer des bases navales le long de la principale route d’approvisionnement maritime qui relie la Chine au Moyen-Orient. Ce réseau d’alliances entourant l’Inde est « perçu comme une menace d’étranglement » par New Delhi, indique Olivier Da Lage.
Dans la guerre d’influence entre les deux géants asiatiques, ce nouvel accord constitue une défaite pour New Delhi. « On sent une incertitude et un besoin urgent de compenser cette perte stratégique, explique le chercheur. Mais il ne faut pas oublier que l’Inde est particulièrement active dans ses partenariats tels que le Quad – le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, une alliance avec les États-Unis, l’Australie, le Japon – ou l’ASEAN – l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est – mais aussi ceux avec la France. » En mars 2023, les armées française et indienne ont ainsi réalisé des entraînements conjoints, et en juillet, la cinquième puissance économique mondiale a acheté des équipements militaires à Paris.
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