Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon rattrapés par leur soutien passé à Bachar Al-Assad

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Il n’y a, au Rassemblement national (RN), qu’une seule voix faisant autorité sur les questions internationales. Elle est restée aphone, lundi 9 décembre, 48 heures après la chute du dictateur syrien Bachar Al-Assad. Marine Le Pen n’a pas réagi publiquement aux événements en Syrie, s’abstenant de commenter le renversement d’un régime que les réseaux d’extrême droite ont toujours soutenu. Comme Jean-Luc Mélenchon, de l’autre côté du spectre politique, la cheffe de file de l’extrême droite a toujours considéré Bachar Al-Assad comme un moindre mal, voire un partenaire potentiel.

Interrogée par Le Monde sur son silence prolongé, Marine Le Pen a argué d’une situation « relativement complexe », se disant « étonnée de la rapidité et l’imprudence de certaines réactions », qu’il s’agisse de celle des autorités françaises ou de ses propres troupes, trop bavardes à son goût. La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale dit n’avoir « jamais soutenu » Bachar Al-Assad mais assume de l’avoir considéré comme un rempart contre le djihadisme. Et ne croit guère aux promesses du nouveau maître de Syrie, Ahmed Al-Charaa, qui dirige les forces rebelles.

La veille, Jordan Bardella, président du RN, a considéré la chute de Bachar al-Assad comme « une catastrophe géopolitique », en raison du « risque migratoire » qu’elle ferait courir à l’Europe. Aucun des deux leaders d’extrême droite ne s’est jamais attardé ni sur les souffrances infligées par Bachar Al-Assad à son peuple, ni sur le rôle que son régime a joué dans l’exil de millions de Syriens.

Liens commerciaux

Depuis son arrivée à la tête du parti cofondé par son père, Marine Le Pen a toujours regardé les révolutions arabes avec scepticisme, disant préférer « une dictature laïque à une dictature islamiste ». Elle a très tôt été entourée de conseillers regardant avec bienveillance le régime baasiste, comme le faisait Jean-Marie Le Pen. Certains étaient guidés par leurs liens avec la Russie, comme son ancien député européen Aymeric Chauprade ou l’actuel, Thierry Mariani. D’autres par leurs liens commerciaux avec Bachar al-Assad.

Ce fut le cas de Frédéric Chatillon, ami personnel de Marine Le Pen et toujours prestataire du RN, largement enrichi par l’argent du régime syrien dont il assura la propagande politique durant la révolution, et la communication touristique avant cela. Proche de dignitaires baasistes, Frédéric Chatillon voyageait fréquemment en Syrie cependant qu’il jouait un rôle clé des campagnes de Marine Le Pen. En 2021 encore, le député européen Thierry Mariani et le conseiller régional Andrea Kotarac, actuel membre du cabinet de Mme Le Pen, avaient rencontré Bachar Al-Assad, avec qui elle souhaitait une reprise des échanges diplomatiques.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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