La mort d’Alexeï Morozov a été confirmée, mercredi 21 février, par plusieurs de ses amis et blogueurs ultranationalistes qui, comme lui, couvrent la guerre en Ukraine sur des chaînes Telegram parfois critiques du commandement militaire. Selon plusieurs de ces sources, mais aussi selon son avocat, Maxime Pachkov, le blogueur russe et militaire de 44 ans se serait suicidé le matin même.
Mercredi à l’aube, plusieurs longs posts étaient apparus sur sa chaîne Telegram, suivie par plus de 100 000 personnes, dans lesquels Alexeï Morozov évoquait son suicide. « Je ne trouve plus les forces pour continuer à me battre », écrivait-il, demandant que le produit de la vente de son appartement serve à acheter des drones à la 4e brigade de fusiliers motorisés de l’armée russe.
« Murz », de son nom de guerre, était une figure de l’extrême droite russe. En 2014, il avait pris les armes aux côtés des séparatistes du Donbass en guerre contre Kiev et soutenus par Moscou. Il était un proche du dirigeant ultranationaliste Igor Strelkov, aujourd’hui emprisonné. Après l’invasion de l’Ukraine, en 2022, il avait fondé la chaîne Telegam « On nous écrit de Ioannina » (du nom de la ville grecque) et soutenait les forces armées russes par des collectes de fonds et « d’aide humanitaire ».
Le blogueur s’était fait remarquer en publiant, le 18 février, un post dans lequel il avançait, grâce à ses contacts dans plusieurs unités, une estimation des pertes subies par l’armée russe pour la prise de la ville ukrainienne d’Avdiïvka, première victoire militaire de Moscou depuis celle de Bakhmout, en mai 2023. Selon Murz, 16 000 soldats russes seraient tombés – morts, disparus ou blessés graves – pour prendre les ruines de cette localité, et 300 blindés auraient été détruits.
Violentes attaques et menaces
Côté ukrainien, Alexeï Morozov estimait les pertes à 5 000 ou 7 000, reconnaissant disposer d’informations moins précises. Il écrivait également que l’armée de Kiev avait pu éviter l’encerclement dans Avdiïvka et réussi à sortir ses troupes.
Cette publication avait suscité de violentes attaques et menaces de la part d’autres blogueurs « Z », comme se décrivent les soutiens enthousiastes de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine, et du propagandiste vedette de la télévision, Vladimir Soloviev. Alexeï Morozov avait fini par effacer ce post le 20 février, évoquant des pressions directes du commandement militaire et des menaces de ne plus fournir en matériel et munitions les unités avec lesquels il entretenait des liens.
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Source du contenu: www.lemonde.fr