Le transport maritime dans les eaux stratégiques de la mer Rouge et le golfe d’Aden a été une nouvelle fois la cible d’attaques ces dernières heures ce lundi 19 février, alors que l’Union européenne (UE) a annoncé sa propre mission de protection de la navigation dans la région.
Les rebelles houthistes, qui contrôlent de vastes régions du Yémen, mènent depuis novembre des attaques contres des navires dans la région, disant agir en solidarité avec les Palestiniens dans la bande de Gaza, où Israël mène une guerre sanglante contre le Hamas en représailles à l’attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien.
Face aux attaques houthistes, les Etats-Unis ont mis en place en décembre une force multinationale de protection maritime en mer Rouge, baptisée « Prosperity Guardian », tandis que l’Union européenne a annoncé lundi le lancement officiel d’une mission similaire. « L’Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux », a écrit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur X.
Depuis janvier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes répétées sur des cibles houthistes au Yémen sans parvenir à mettre fin à leurs attaques, la dernière frappe ayant eu lieu samedi. Lundi encore, de nouvelles attaques ont été signalées contre la navigation dans la région. Les houthistes, soutenus par l’Iran, ont pris pour cible « un navire britannique dans le golfe d’Aden, le RUBYMAR, avec des missiles navals », selon un communiqué du porte-parole militaire des houthistes, Yahya Saree.
La société de sécurité maritime Ambrey a signalé l’attaque d’un « vraquier battant pavillon bélizien, immatriculé au Royaume-Uni et exploité par le Liban » dans le détroit de Bab El-Mandeb, qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden. Le navire se dirigeait vers le nord depuis les Emirats arabes unis et avait pour destination finale la ville bulgare de Varna.
L’agence de sécurité maritime UKMTO, dirigée par la marine britannique, a affirmé qu’un navire se trouvant à 35 milles nautiques (65 kilomètres) du port yéménite de Mokha avait signalé « une explosion à proximité qui a causé des dommages ». Elle a précisé plus tard que l’équipage avait évacué et était sain et sauf.
Les houthistes ont également dit avoir abattu un avion américain MQ-9, affirmation à laquelle Washington n’a pas encore répondu. Lundi, Ambrey a d’autre part rapporté qu’un vraquier américain battant pavillon grec avait signalé avoir subi une « attaque de missiles » avant qu’un autre projectile ne touche l’eau à 10-15 mètres du navire. Aucun blessé ni dégât n’a été signalé dans les deux cas, et le navire poursuit sa route vers Aden.
UKMTO a pour sa part fait savoir que le cargo avait signalé « une explosion à proximité immédiate du navire », avant une seconde en plein air également près du bateau, causant des dégâts superficiels. Cette attaque n’a jusque-là pas été revendiquée.
La France prête à mettre à disposition l’une de ses frégates déjà présente en mer Rouge
A Bruxelles, l’UE a officiellement lancé l’opération militaire navale Aspides, dont la mission est prévue pour un an, éventuellement renouvelable. Elle ne devrait pas être totalement opérationnelle avant « quelques semaines », quand elle disposera de ressources suffisantes, selon un un diplomate européen.
La frégate allemande « Hessen » est partie le 8 février, en direction de la mer Rouge, elle sera en état d’alerte permanent et pourra répondre à d’éventuelles attaques avec des missiles, drones et « bateaux kamikazes » télécommandés. La Belgique a, elle, annoncé son intention d’envoyer sa frégate « Marie-Louise ». La France s’est dite prête à mettre à disposition l’une de ses frégates déjà présente en mer Rouge.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
Les Vingt-Sept se sont mis d’accord dès janvier, sur le principe d’une mission de surveillance et patrouille maritime en mer Rouge, à condition toutefois que son mandat soit purement défensif. Elle pourra faire feu pour défendre les navires marchands ou se défendre elle-même, mais ne pourra pas viser des objectifs à terre contre des positions des rebelles houthistes au Yémen, selon des diplomates.
Plusieurs pays ont fait part de leur intention de participer à cette mission baptisée « Aspides » (« bouclier » en grec ancien), notamment la Belgique, l’Italie, l’Allemagne ou la France. L’Espagne a indiqué qu’elle n’y participerait pas.
Les revenus du canal de Suez ont « baissé de 40 % à 50 % »
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a par ailleurs annoncé lundi que les revenus du canal de Suez, l’une des principales rentrées en devises du pays, avait « baissé de 40 à 50 % » depuis le début de l’année après les attaques des houthistes. Ces derniers ont poussé de nombreux armateurs à contourner l’Afrique et à suspendre les transits par la Mer rouge et le Canal de Suez, par où transitent habituellement 12 à 15 % du trafic mondial, selon l’UE.
« Vous voyez ce qui se passe à nos frontières […] avec Gaza, vous voyez le canal de Suez qui rapportait à l’Egypte près de 10 milliards de dollars par an, [ces revenus] ont baissé de 40 à 50% et l’Egypte doit continuer à payer des entreprises et des partenaires », a déclaré M. Sissi lors d’une conférence aux côtés de compagnies pétrolières.
Dans le pays qui traverse la pire crise économique de son histoire, les revenus du canal sont aussi surveillés que les revenus du tourisme et les envois d’argent des travailleurs égyptiens à l’étranger.
Source du contenu: www.lemonde.fr