Permis de conduire : les raisons médicales qui poussent à instaurer une visite tous les quinze ans

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Une proposition de loi « malvenue », « inadmissible » et « inacceptable », a écrit l’association 40 Millions d’automobilistes dans une pétition. Mardi 27 et mercredi 28 février, les eurodéputés doivent examiner un texte de la commission des transports du Parlement européen visant à remettre en cause le principe du permis de conduire à vie. L’une des mesures fait particulièrement débat : l’instauration d’une visite médicale obligatoire tous les quinze ans, nécessaire à son renouvellement.

Cet examen servirait à vérifier l’aptitude à la conduite de tous les usagers de la route dans l’Union européenne (UE) par un contrôle de la vue, de l’ouïe et des réflexes. D’après l’eurodéputée écologiste française Karima Delli, rapporteuse de la proposition de loi, l’objectif est de réduire de 50 % le nombre de morts sur les routes d’Europe d’ici à 2030, et d’atteindre « zéro mort et blessé grave » d’ici à 2050. « La santé mentale et physique est d’une importance cruciale pour la conduite », rappelle-t-elle.

Dans plusieurs Etats européens – en Espagne, en Grèce et en République tchèque, notamment –, des dispositifs similaires ont été mis en place sans qu’il soit possible d’en évaluer les effets. Si la proposition de loi vise à élargir ce principe à l’ensemble des Etats membres de l’UE, c’est qu’elle entend « répondre aux enjeux actuels de la sécurité routière », à savoir : « le vieillissement de sa population », précise l’entourage de Karima Delli.

Tous les âges

Alzheimer, accidents vasculaires cérébraux (AVC), traumatismes crâniens, épilepsie… Si le texte vise en premier lieu les personnes âgées, il s’adresse cependant à tous les usagers de la route, « car les pathologies incapacitantes peuvent toucher des personnes de tout âge », rappelle le docteur Michel Avisse, président de l’association des médecins agréés Permicomed.

D’après une liste de recommandations établie par le Collège de la médecine générale et la Société française de gériatrie et de gérontologie, entre autres, les patients présentant un trouble neurocognitif majeur représentent « un risque trop important d’erreur de conduite ou d’accident ». Pour ces personnes, les professionnels de santé préconisent un arrêt total de la conduite d’engins motorisés, « car être atteint d’Alzheimer augmente les risques de collision de 2,5 fois », explique Philippe Lauwick, médecin généraliste et membre du Conseil national de la sécurité routière. D’après lui, plusieurs pathologies peuvent être à l’origine de séquelles responsables d’une diminution des capacités d’analyse importante, à l’image des AVC ou des traumatismes crâniens. Il rappelle également que certains traitements médicamenteux peuvent altérer la conduite, comme les antidépresseurs ou les anxiolytiques de type Lexomil. « Pour conduire, il faut avoir une certaine capacité à prendre l’information, à la traiter et à exécuter la manœuvre adéquate », rappelle le docteur.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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