Présidentielle américaine : qui sont les potentiels colistiers de Kamala Harris ?

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Kamala Harris n’est pas encore investie par le Parti démocrate que se pose déjà la question : qui sera son colistier pour l’élection présidentielle américaine du 5 novembre ? Quelques heures après l’annonce du retrait de Joe Biden, les médias américains ont commencé à spéculer sur le nom de celui ou celle qui composera l’autre moitié du ticket démocrate.

Le temps presse : il faut prévoir une période d’inspection des profils avant d’officialiser le nom. Le sénateur Tim Kaine, candidat à la vice-présidence d’Hillary Clinton en 2016, a détaillé le processus typique de sélection lors d’un appel avec des journalistes, a rapporté le New York Times. Dans son cas, cela a consisté en « deux mois d’examen minutieux de tous les impôts [qu’il a] payés, de chaque discours [qu’il a] prononcé, de chaque article [qu’il avait] jamais écrit ; des interviews approfondies et intenses avec toute [sa] famille ».

Ce processus va forcément être raccourci et ne concerner qu’un nombre restreint de candidats à la vice-présidence. C’est Eric Holder, l’ancien procureur général des Etats-Unis sous Barack Obama (2009-2015), et son cabinet d’avocats qui sont chargés de procéder à l’examen des antécédents des potentiels vice-présidents.

L’équipe de Kamala Harris prévoit de mener et de conclure le processus de vérification d’ici au 7 août. Le code électoral de l’Ohio exige en effet que les candidats soient enregistrés et certifiés par leur parti 90 jours avant le jour de l’élection pour être présents sur les bulletins de vote.

Une chose est certaine : le choix opéré par la vice-présidente reflétera ce qu’elle considère comme la meilleure voie pour rassembler 270 votes du collège électoral qui lui permettrait de devenir la 47e et première femme présidente des Etats-Unis. Et force est de constater que les favoris sont principalement des hommes blancs, issus de swing states (Etats pivots) dans lesquels Joe Biden était à la peine face à Donald Trump. Le Monde fait le point.

Les favoris

Trois noms reviennent avec insistance. D’abord, celui de Josh Shapiro, le gouverneur de Pennsylvanie : il a été élu avec une victoire écrasante en 2022, battant le républicain Doug Mastriano. M. Shapiro n’a pas nié, lundi, avoir discuté avec la vice-présidente et n’a pas non plus dit qu’il refuserait ce rôle si elle le lui proposait. La Pennsylvanie, avec ses dix-neuf votes au collège électoral, reste l’une des clés pour entrer à la Maison Blanche : en 2016, l’Etat avait offert la victoire à Donald Trump avant de rebasculer dans le camp démocrate et d’élire Joe Biden en 2020.

Roy Cooper, le gouverneur de Caroline du Nord est lui aussi un sérieux candidat : il a été procureur général, comme Kamala Harris, et son Etat est le seul swing state perdu par Joe Biden en 2020. En outre, l’actuel président y était à la traîne dans les sondages face à Donald Trump. Roy Cooper avait été élu de justesse pour la première fois en 2016 avec un peu plus de 10 000 voix d’avance ; il a été réélu en 2020. Etant limité par la loi à deux mandats consécutifs, il ne peut pas se présenter pour un troisième mandat et est donc disponible.

Mark Kelly, sénateur de l’Arizona, représente lui aussi un swing state. Ancien astronaute et pilote de la marine, il présente le profil d’un véritable héros américain. Il a été élu en 2020 face à la sénatrice républicaine sortante Martha McSally – celle-ci avait été désignée en 2018 par le gouverneur républicain de l’Etat, Doug Ducey, pour terminer le mandat de John McCain. Mark Kelly a été réélu en 2022 dans cet Etat frontalier du Mexique, traditionnellement acquis aux républicains qui a basculé pour Joe Biden en 2020.

Le gouverneur du Kentucky, Andy Beshear, le 22 juillet 2024.

A cette liste peut être ajouté le nom d’Andy Beshear, le gouverneur du Kentucky, un Etat qui vote traditionnellement républicain. Après le retrait de Joe Biden, il a immédiatement apporté son soutien à Kamala Harris et souligné l’importance de s’attaquer aux problèmes quotidiens comme l’emploi, la santé et la sécurité publique. Il a été procureur général du Kentucky avant de devenir gouverneur en 2019 et d’être réélu en 2023, après avoir fait du droit à l’IVG son cheval de bataille pendant la campagne. Il s’est dit flatté d’être sur la liste des possibles vice-présidents de Kamala Harris : « Je le prends comme un compliment pour ce que nous avons accompli au Kentucky. Ce que nous avons fait au Kentucky est ce que nous devons faire dans ce pays. » Et d’ajouter : « J’envisagerais quelque chose d’autre que mon poste actuel uniquement si je crois pouvoir aider davantage mon peuple et ce pays. »

Les personnalités hors course

La gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, à Detroit, le 24 juillet 2024.

Après le renoncement de Joe Biden, Gretchen Whitmer a été considérée comme possible candidate à l’investiture. Mais la gouverneure du Michigan a vite apporté son soutien à Kamala Harris et semble s’être retirée de l’équation pour la vice-présidence : « Je ne quitte pas le Michigan. Je suis fière d’être la gouverneure du Michigan. (…) Je ne vais nulle part », a-t-elle dit selon le Detroit News.

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L’hypothèse Gavin Newsom, gouverneur de Californie et figure montante chez les démocrates, paraît elle aussi exclue. M. Newsom se heurterait à un écueil juridique majeur si Kamala Harris, également Californienne, devenait officiellement la candidate démocrate : le 12e Amendement de la Constitution (« Les électeurs se réuniront dans leurs Etats respectifs et voteront par bulletin pour le président et le vice-président, dont l’un au moins n’habitera pas le même Etat qu’eux »). Il interdirait aux 54 grands électeurs californiens de voter pour un président et un vice-président originaires du même Etat qu’eux. En théorie, cet obstacle pourrait être contourné si Kamala Harris et Gavin Newsom changeaient leur résidence officielle, après l’élection mais avant la réunion du Collège électoral.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, étoile montante démocrate

Mais pourquoi donner du grain à moudre au camp républicain qui a déjà prévu de contester le résultat de l’élection si Donald Trump ne la remporte pas ? En outre, Gavin Newsom semble s’être mis en réserve, visant l’élection de 2028.

Les outsiders

Outre les favoris, d’autres candidats sont aussi évoqués. Comme Tim Walz, le gouverneur du Minnesota. Interrogé, mardi, sur la question par une chaîne locale, il s’en est tiré par une pirouette : « Je ne pense pas qu’on refuse un emploi qui ne nous a pas été proposé, mais j’ai le meilleur travail au monde en étant gouverneur du Minnesota. »

J. B. Pritzker, le gouverneur de l’Illinois, est une figure en vue du Parti démocrate… Mais son Etat n’est pas considéré comme un swing state et il n’est pas essentiel pour mener à la victoire en novembre.

Pete Buttigieg, le secrétaire aux transports de l’administration Biden, a reçu des documents de vérification, selon la chaîne MSNBC. Il a été maire de South Bend, dans l’Indiana, et avait remporté le caucus de l’Iowa, lors de la primaire démocrate en 2020, deux Etats du Midwest traditionnellement républicains. Néanmoins, son parcours dans l’administration Biden a été marqué par quelques crises : la défaillance du système de Southwest Airlines à la fin de 2022 et le déraillement d’un train transportant des produits toxiques à East Palestine, dans l’Ohio, en 2023, qui lui ont attiré des critiques sévères de la part des républicains.

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