Près de deux ans après l’explosion des gazoducs Nord Stream 1 et 2, le 26 septembre 2022, le parquet général allemand a émis pour la première fois un mandat d’arrêt contre l’un des membres du commando ayant saboté le double pipeline reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Mais, selon une enquête conjointe de plusieurs médias allemands (la chaîne publique ARD, le quotidien Süddeutsche Zeitung et l’hebdomadaire Die Zeit), parue mercredi 14 août, le suspect, Volodymyr Z., un Ukrainien qui avait trouvé refuge en Pologne, a échappé aux enquêteurs, vraisemblablement aidé par le peu de diligence mis par les autorités de Varsovie à mettre la main sur lui.
Deux autres personnes, un homme et sa femme, également de nationalité ukrainienne, auraient été identifiées par les enquêteurs comme membres du commando qui aurait plongé au fond de la Baltique, non loin de l’île danoise de Bornholm et des côtes du sud de la Suède. Le couple dirige une école de plongée en Ukraine où Volodymyr Z. a été instructeur.
L’épouse, Switlana U., est membre de divers groupes Telegram qui s’occupent d’aider les réfugiés de guerre en provenance d’Ukraine, y compris en Allemagne. Grâce à son activité sur les réseaux sociaux, elle aurait collecté des fonds, en mars 2022, pour acheter une paire spéciale de jumelles à imagerie thermique d’une valeur de 4 500 euros, apparemment destinés à l’armée ukrainienne. « Très chers amis, continuons à aider nos hommes en première ligne de cette guerre », écrivait-elle alors sur Facebook.
Identification d’une camionnette
Alors que la Suède et le Danemark ont clos leurs propres enquêtes sans aucune poursuite, au début de l’année, le procureur général allemand, Jens Rommel, avait pour sa part décidé de continuer les investigations. Selon les informations publiées mercredi, il a pu réunir suffisamment de preuves au cours des derniers mois pour émettre, début juin, un mandat d’arrêt européen contre Volodymyr Z. Dans la foulée, il a formulé une demande de remise aux autorités polonaises, les enquêteurs allemands ayant localisé le suspect comme habitant dans une localité située à l’ouest de Varsovie.
En vertu des règles de l’entraide judiciaire européenne, les autorités polonaises avaient soixante jours pour réagir à la demande de Berlin et interpeller cette personne. Mais, d’après l’enquête de l’ARD, de la Süddeutsche Zeitung et de Die Zeit, les autorités allemandes n’ont pas reçu de réponse de leurs interlocuteurs polonais.
Une camionnette blanche, flashée sur l’île de Rügen, dans le nord de l’Allemagne, le 8 septembre 2022, soit trois semaines avant l’explosion, aurait joué un rôle important dans l’identification du suspect. Ce véhicule est soupçonné d’avoir servi à transporter le matériel de plongée qui aurait ensuite été chargé sur un voilier de plaisance, l’Andromeda, afin d’acheminer les membres du commando sur les lieux de l’explosion. Interrogé par la police allemande, le chauffeur de la camionnette a reconnu avoir convoyé un groupe de personnes d’Ukraine en Allemagne. Puis il a identifié Volodymyr Z. comme l’un des passagers à partir des photos qui lui ont été soumises par les enquêteurs.
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