Sénégal : Macky Sall laisse en suspens la date de la présidentielle

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Au cours d’un entretien télévisé accordé à la presse sénégalaise, le président sénégalais, Macky Sall, a laissé en suspens, jeudi 22 février, la date de l’élection présidentielle dont il avait décrété le report, tout en assurant que son mandat à la tête du pays se terminerait au moment prévu.

« Le 2 avril 2024, ma mission se termine à la tête du Sénégal », a-t-il dit, se montrant piqué au vif par le soupçon qu’il pourrait chercher à se maintenir en poste plus longtemps que prévu. « Pour ce qui est de la date [de la présidentielle], on verra ce que le dialogue proposera », a-t-il ajouté, en évoquant les rencontres qu’il entend mener lundi et mardi, d’abord avec les candidats, puis avec les autres acteurs politiques et sociaux. « Au sortir du dialogue mardi, il faut qu’on ait une date », a-t-il déclaré.

« L’élection peut se tenir avant ou après le 2 avril », a-t-il précisé. Interrogé sur l’éventualité qu’elle se tienne d’ici au 2 avril, il a répondu : « Je ne le pense pas ». Si les Sénégalais ne peuvent se rendre aux urnes d’ici au 2 avril, « il appartiendra au Conseil constitutionnel de dire ce qui doit être fait », a-t-il ajouté.

Aller vers les élections « de manière apaisée »

M. Sall s’est aussi dit disposé à la clémence envers ses anciens adversaires, et a envisagé la possibilité de grâces ou d’une loi d’amnistie. « Oui, je suis prêt à aller aussi loin pour que tous bénéficient de ce pardon et que le Sénégal aille vers ces élections de manière apaisée », a-t-il déclaré au sujet d’une éventuelle libération d’Ousmane Sonko, emprisonné depuis juillet 2023, tout en affirmant qu’il n’était pas responsable du déroulé des procédures judiciaires.

M. Sonko a été disqualifié de la présidentielle, mais la candidature de son second, Bassirou Diomaye Faye, détenu lui aussi, a été validée par le Conseil constitutionnel. M. Faye « peut avant ces lois bénéficier d’une liberté provisoire pour répondre à l’appel du dialogue », a précisé le président Sall qui a demandé, mercredi, au ministère de la justice de finaliser des textes « pour matérialiser la volonté de réconciliation et de pardon ». Une loi d’amnistie des prisonniers avait été évoquée il y a une semaine.

Plusieurs centaines de détenus ont été relâchés depuis la semaine dernière, contribuant à une fragile détente. Mais la société civile, qui a mobilisé plusieurs milliers de personnes le week-end passé, a prévu un nouveau rassemblement samedi à Dakar pour maintenir la pression sur le pouvoir, tout comme le camp présidentiel pour soutenir M. Sall.

Crise politique inédite

Accusé de « mauvaise volonté » par quinze candidats à l’élection présidentielle au Sénégal, le chef de l’Etat a pris la parole, jeudi, pour s’expliquer en vue de l’organisation du scrutin, initialement prévu le 25 février et qu’il a reporté début février au 15 décembre. Cette décision validée par l’Assemblée nationale a provoqué une crise politique inédite dans le pays. L’opposition a dénoncé un « coup d’Etat constitutionnel », et des manifestations ont fait quatre morts.

M. Sall a justifié le report de l’élection par les vives querelles survenues au cours du processus préélectoral et a dit vouloir une élection incontestable, s’inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023. L’opposition soupçonne le camp présidentiel de vouloir s’arranger avec le calendrier par crainte de la défaite de son candidat, le premier ministre, Amadou Ba, désigné par le président Sall pour lui succéder

Le Conseil constitutionnel a opposé la semaine dernière son veto à cet ajournement et au maintien du président à son poste jusqu’à l’installation de son successeur. Il a constaté l’impossibilité de maintenir la présidentielle le 25 février et a demandé aux autorités de l’organiser « dans les meilleurs délais ». Malgré les spéculations sur la tentation d’un passage en force, Macky Sall avait exprimé vendredi son intention de respecter la décision du Conseil et de mener « sans tarder les consultations nécessaires » à l’organisation du scrutin.

Mercredi, lors du conseil des ministres, le chef de l’Etat a demandé que « toutes les dispositions » soient prises « pour une bonne organisation de l’élection présidentielle à une date qui sera fixée très prochainement, après les consultations avec les acteurs politiques, les responsables de la société civile et les représentants des forces vives de la nation », précise le compte rendu du conseil.

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Il a « également réaffirmé son engagement pour un processus inclusif de concertation et de dialogue afin de bâtir des consensus autour de la réconciliation nationale, de l’apaisement et de la pacification de l’espace public, en vue de consolider la stabilité politique, économique et sociale ».

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Le Monde avec AFP

Source du contenu: www.lemonde.fr

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