« Unis contre la junte », sur France 24 : dans les coulisses de la résistance birmane

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FRANCE 24 – SAMEDI 17 FÉVRIER À 21 H 10 – DOCUMENTAIRE

Ils sont jeunes, ont parfois sacrifié leurs études pour prendre les armes, et risquent leur vie pour la « révolution birmane » : trois ans après le coup d’Etat militaire qui a renversé, le 1er février 2021, le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi, les opposants à la junte birmane voient pour la première fois celle-ci reculer. Son armée multiplie les défaites sur le terrain. Des généraux se rendent, et ses soldats fuient les combats en franchissant les frontières avec les pays voisins.

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Samedi 10 février, la junte a d’ailleurs annoncé la conscription militaire obligatoire à partir d’avril, pour tous les hommes âgés de 18 à 35 ans et les femmes de 18 à 27 ans – un signe de faiblesse, qui aura pour conséquence de gonfler encore les rangs de la résistance.

Le documentaire Unis contre la junte, diffusé samedi 17 février par France 24, offre une plongée dans les rangs de cette résistance birmane à ce moment crucial de basculement, et dans un lieu éminemment stratégique : la ville de Loikaw. Cette capitale de l’Etat de Kayah, une ville de 60 000 habitants située à 120 kilomètres de Naypyidaw, la capitale de la Birmanie, est la première à avoir basculé du côté des insurgés depuis le déclenchement, entre fin octobre et début novembre 2023, d’une série d’offensives collectives depuis la couronne ethnique du pays, aux frontières thaïlandaises, chinoises, indiennes et bangladaises.

Les Karenni, ethnie locale

A Loikaw, les résistants ont pris position dans la ville fantôme, vidée de ses habitants. Ils contrôlent ses accès, et encerclent les forces de l’armée régulière, environ un millier d’hommes retranchés dans une grande base et dans une poignée d’immeubles bunkérisés au centre-ville. Il n’y a plus ni convois de l’armée, ni checkpoints militaires ni aucune autorité émanant de la junte dans cet Etat de la taille de plusieurs départements français : l’instance dirigeante karenni de la révolution birmane soigne les blessés, gère les écoles et s’occupe des réfugiés.

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Partout, l’accès à Internet est fourni par Starlink, le réseau satellitaire d’Elon Musk, et l’électricité par des générateurs indépendants. Une menace persiste, terrifiante : les attaques aériennes ou par drones. L’une d’entre elles, lundi 5 février, a tué quatre enfants et en a blessé des dizaines d’autres dans un assaut sur deux écoles dans les campagnes non loin de Loikaw.

La principale force insurgée de l’Etat de Kayah, et celle qui a accueilli les journalistes de France 24 pour ce reportage, s’appelle les Forces de défense des nationalités karenni (KNDF). Elle est le produit d’une alliance entre la guérilla historique de l’ethnie locale, les Karenni, et des civils, jeunes et Karenni pour la plupart, venus de Loikaw et d’autres villes de Birmanie.

Etudiants devenus snipers

Il a fallu trois ans pour que ce processus d’hybridation, qui s’est produit de manière similaire le long de toute la périphérie multi-ethnique birmane (environ 30 % de la population), réussisse et porte ses fruits. Les KNDF annoncent aujourd’hui 8 000 hommes en armes, et 5 000 en appui. Mawi, l’un de leurs commandants sur la ligne de front à Loikaw, était le propriétaire d’une ferme agricole bio avant de monter sur les barricades, puis de rejoindre la résistance.

D’anciens étudiants sont devenus snipers. Un couple d’infirmiers brave les attaques de drones pour soigner dans des planques les blessés du front. Cette jeunesse, à côté de qui les soldats réguliers birmans ont parfois des allures de paysans mal nourris, a en commun sa détestation de l’ennemi commun : l’armée.

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Et de croire à l’avènement d’une démocratie fédérale après des décennies de conflits intermittents entre les groupes armés ethniques, les forces démocratiques, et les juntes successives. La dernière, celle qui a pris le pouvoir il y a trois ans, semble avoir réussi contre elle une « union sacrée ».

Unis contre la junte, documentaire réalisé par Constantin Simon (Fr., 2024, 26 min). Présenté par Antoine Cormery sur France 24.

Source du contenu: www.lemonde.fr

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