A Marseille, Lille ou Paris, l’épicerie change de rayon

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Amélie est comédienne et donne des cours de théâtre. Presque chaque jour, elle vient boire son café au lait d’avoine chez Moutchou, une épicerie qui a ouvert en 2023 à Marseille dans le quartier prisé d’Endoume, sur les hauteurs de la ville, à sept minutes à pied de la mer. La patronne de l’établissement a « un code » avec Amélie : si elle voit qu’elle a du temps, elle lui sert le liquide dans un bol bleu. Sinon, c’est un godet à avaler en vitesse.

« Il y a Caroline, aussi, qui donne son avis sur tout. Si c’est bon, elle te le dit. Si ce n’est pas bon, elle te le dit. Le vendredi, après son yoga, elle demande toujours un œuf à la coque. Ça casse les pieds de la cuisinière, qui est en pleine préparation du service du midi, mais, bon, c’est Caroline », s’amuse Lisa Pizzini, la fondatrice de Moutchou. Ce terme, elle l’entend depuis l’enfance dans sa famille. Il est le surnom des Mozabites (des Berbères originaires de la région du Mzab, en Alégérie) qui tenaient les épiceries de quartier à Alger, où sa famille a vécu.

Des habitués, Lisa Pizzini en a toute une collection : « M. Schmidt », homme élégant aux lunettes rondes qui, chaque vendredi, achète de nombreux produits à base de cochon (saucisson, jambon…), mais aussi de la truite (« En fait, il est marrant, car il aime tout ce qui est déjà tranché ») ; Elliot, qui était en CM2 à l’école en face et qui, collégien, continue de venir régulièrement prendre son sirop de citron et son cookie, que son père vient régler une fois par semaine…

Véritable lieu de vie, l’épicerie Moutchou, à Marseille, collectionne les habitués.

Sur place, une longue table en bois est posée au milieu de la pièce centrale et l’on peut s’y arrêter pour déjeuner ou prendre un thé, avec les fourneaux juste derrière. « Je voulais un lieu qui sente la cuisine tout le temps, comme un doudou », glisse la patronne. En repartant, on embarque un paquet de tortas, ces excellentes galettes de blé à l’huile d’olive enveloppées individuellement dans un joli papier. Le travail d’une entreprise de Séville, que Lisa Pizzini adore faire découvrir et qui fait écho à ses origines et à celles de son compagnon.

Elle se voit d’ailleurs comme une « passeuse d’histoires », chez Moutchou. Pas seulement la sienne : elle aime convier des cordons-bleus pour que ces derniers racontent leur histoire à eux le temps d’un repas, en cuisinant. Ce mois-ci, c’était au tour de sa voisine russe de 64 ans, après une ancienne correspondante de presse à Jérusalem. Bientôt, il y aura des ateliers de réflexion imaginés par une dame qui ne veut pas faire « un truc philo compliqué, mais créer de la conversation ». Parmi les thèmes à venir : « Comment lire les journaux d’actualité ? » Ou encore : « Comment être un bon humain ? » Une façon pour la fondatrice de faire de son commerce « un petit refuge, particulièrement en ce moment ».

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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