A Milan, le vestiaire masculin prend le large

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Qui mieux que les Italiens pour célébrer la dolce vita et la liberté qu’elle véhicule ? La semaine des collections masculines printemps-été 2025, qui s’est tenue à Milan (Italie) du 14 au 18 juin, en fut la parfaite démonstration.

Chez Gucci, la très attendue deuxième collection masculine de Sabato de Sarno colle parfaitement à l’idée de légèreté. « Elle parle de rencontres entre la ville et la plage. En réalité, elle parle de liberté », détaille le créateur dans sa note d’intention. Côté ville, les vestes épaulées et les costumes ajustés s’accompagnent de polos portés près du corps, tandis que les longs pardessus aux poches verticales s’ouvrent largement à l’arrière.

Mais c’est côté plage que la liberté s’exprime franchement : les chemisettes de bowling avec leur grand col sont imprimées de motifs dauphins, surfeurs ou palmiers, et les couleurs gagnent en luminosité au fur et à mesure – chemise large bleu ciel, short rose fuchsia, veste vert anis. Le tout dessine un vestiaire commercialement désirable, porté par les accessoires. Les lunettes de soleil qui basculent dans la nuque retenues par une bride, les chaussures plates évoquant celles des plongeurs et les sacs mous en cuir brillant devraient en effet facilement trouver leur public.

Chez Dolce & Gabbana, c’est un retour aux années 1950 que le duo de créateurs a proposé. Une période d’après-guerre insouciante, où le chic et la nonchalance imposaient leur cadence. Ici, les vestes, chaussures et chemises amples sont en raphia – tressé à la main par des artisans italiens – et accompagnent des pantalons en lin portés larges et roulottés à la cheville.

Des shorts ceinturés se portent avec des chemisiers à manches courtes et des chaussures derbies tressées, tandis que les polos aux rayures obliques, les chemises en lin ouvertes et les costumes blancs évoquent l’allure séduisante d’un jeune Marcello Mastroianni. Un concentré d’italianité estivale rétro, parfaitement exécuté.

Silvia Fendi s’apprête à fêter en 2025 les 100 ans de la marque créée par ses grands-parents, Adele et Edoardo Fendi. L’occasion de se plonger dans les archives, et d’en extraire des trésors jusque-là peu exploités, à l’image de cet écureuil que l’on retrouve sur les écussons des blazers. Des cravates déclinent le logo Pequin imaginé par Karl Lagerfeld en 1983 – des rayures larges sur lesquelles le nom de Fendi est dilué.

L’aisance s’exprime quant à elle à travers des shorts, des polos boutonnés en oblique ou encore des costumes souples, le tout sur du vert d’eau, du beige ou du jaune. « Je voulais des tissus très légers – il y a beaucoup de soie de coton – et des volumes un peu amples. C’est important que les hommes soient à l’aise », ajoute la créatrice.

La décontraction, c’est aussi le parti pris de Giorgio Armani pour sa ligne Emporio Armani. Le designer, qui fêtera ses 90 ans en juillet, a baptisé sa collection « Freedom in nature » (« liberté dans la nature »). Et pour exprimer cette idée, il a dessiné un vestiaire aérien. Des vestes légères et ceinturées aux épaules tombantes, des pantalons façon sarouel ou très larges, ou encore des chemisiers en lin, déclinés en beige, brun ou gris. L’impression de légèreté se poursuit dans la ligne principale, Giorgio Armani, qui propose une succession de silhouettes fluides, pantalons larges en lin, vestes souples ou encore chemisiers vaporeux, dans des tonalités de bleu très estivales.

Colorés et froissés

Chez Prada, Raf Simons et Miuccia Prada ont dédié leur vestiaire à la jeunesse. « Il faut des échappatoires. La période actuelle n’est pas simple, et la jeune génération a besoin de rêver », détaillent-ils. Le casting est d’ailleurs plus juvénile que d’habitude. Ces garçons portent des pulls courts en maille desquels dépassent des chemisiers colorés et froissés, des pantalons taille basse avec des ceintures en cuir intégrées ou encore des combinaisons qui laissent voir des tee-shirts reproduisant des tableaux de Bernard Buffet.

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Mais chez Prada, la rigueur n’est jamais loin. Elle se niche ici sur des sweat-shirts à capuche en cuir épais ou des pantalons qui paraissent, à tort, lourds. « Ils sont en réalité façonnés dans un coton très léger. L’idée, c’était de s’amuser avec des trompe-l’œil ! », explique Raf Simons.

La légèreté passe par la confusion des sens chez Moschino, où l’Argentin Adrian Appiolaza signe sa première collection masculine. Ici, ce sont notamment aux apparats de l’homme d’affaires qu’il s’attaque, avec des costumes en trompe-l’œil sur des longs tee-shirts, ou garnis de fournitures de bureau (trombones, Post-it…). Il y a également des clins d’œil à l’Italie, avec des vestes aux couleurs du drapeau et à l’imprimé ballons de football, ou encore des logos smiley ou œuf au plat, gimmicks indissociables de la marque, sur des pulls en maille fine ou en broches.

A gauche : JW Anderson. A droite : Moschino.

Jonathan Anderson a lui aussi l’habitude de jouer avec les codes du surréalisme. Cette saison, pour sa griffe JW Anderson, il a détourné le logo de la bière Guinness sur des pulls en coton. « Cela fait des années que je leur demande de pouvoir l’utiliser. J’ai toujours été fan de leurs publicités. Entre Irlandais, on a fini par trouver un accord », s’amuse-t-il.

Une iconographie qu’il associe à l’enfance, thème central de la collection : des ballons dégonflés en guise de cols lavallières sur des chemises, des motifs façon maisons de poupées sur des vestes ou encore des tee-shirts aux manches bouffantes très Barbapapa. La décontraction passe ici par les volumes agrandis à l’extrême sur des blousons bombers, une cravate géante ou encore des vestes à capuche en cuir extralarges. Une collection très applaudie.

Enfin, Alessandro Sartori chez Zegna explore le lin pour sa ligne estivale – après le cachemire en hiver –, avec des mélanges de soie et de coton. La silhouette en est d’autant plus aérée, articulée autour de pantalons larges, de shorts ou de costumes fluides. Les belles couleurs terre – ocre, sable, beige… – la rendent d’autant plus attrayante. « Cette collection a quelque chose de typiquement italien, notamment dans la manière insouciante dont elle est portée », conclut le designer. Le soleil et les 27 degrés reflétaient idéalement cette philosophie dans les rues de Milan.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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