Erwan Humbert, maraîcher : « J’ai d’abord pensé ouvrir un restaurant, j’ai participé activement à des AMAP, aidé des amis agriculteurs bio, avant de me diriger vers une formation agricole »

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« Je suis devenu maraîcher parce que j’adore manger. J’ai grandi en Bretagne, auprès d’une mère tahitienne et d’un père originaire du Nord – tous deux professeurs, respectivement de maths et d’économie. Ils se sont rencontrés à Lorient et se sont installés dans une belle maison avec un potager et des arbres fruitiers non loin de Rennes. J’ai aussi eu la chance d’avoir un formidable arrière-grand-père (décédé à 99 ans) qui habitait à côté d’une ferme près d’Arras et cultivait toutes sortes de légumes dans son jardin, tout en élevant des poules et des pigeons.

J’étais tout le temps fourré avec lui, c’est ce qui m’a donné le goût d’être dehors et de manger de bons produits. L’alimentation a toujours été une affaire très sérieuse dans ma famille, on faisait entrée-plat-dessert à presque tous les repas, avec pour bible les livres de Michel Guérard. Tout le monde cuisinait. Côté maternel, c’était les recettes créoles colorées, les poissons, les épices… Côté paternel, c’était plutôt le lapin-pruneaux-frites, mais aussi beaucoup de produits frais du jardin de mon arrière-grand-père.

A l’école, j’étais un bosseur du fond de la classe. J’aimais bien les maths, j’ai un esprit analytique, je me suis orienté vers l’électronique, tout en cultivant d’autres passions : être dehors, me dépenser, chanter, jouer de l’orgue et cuisiner, bien sûr… J’ai intégré une école d’ingénieur en électronique à Cergy-Pontoise, mais, même durant mes études, il fallait que je mange bien. Je cuisinais donc très souvent pour mes amis et moi, parfois pour le bar associatif des étudiants.

La qualité du produit

Je me souviens avoir un jour préparé 200 nems dans mon petit studio, qui est longtemps resté imprégné de l’odeur. De mes années étudiantes, j’ai aussi gardé une affection particulière pour le chop suey, des légumes sautés à la sauce soja, généralement avec des nouilles. C’est un plat “passe-partout” que je prépare tous les jours, avec ce que j’ai sous la main. Je m’amuse à découper et à cuire les légumes, de sorte qu’ils gardent chacun leur goût et leur texture.

J’ai travaillé dans le monde de l’électronique pendant douze ans, notamment en écrivant des articles pour des magazines professionnels. Puis, à l’occasion d’un énième plan social, j’ai décidé de changer de voie. J’ai d’abord pensé ouvrir un restaurant, j’ai participé activement à des AMAP, aidé des amis agriculteurs bio. J’organisais des visites et des dégustations à la ferme, je retrouvais le plaisir des légumes goûteux de mon arrière-grand-père. Je me suis rendu compte que la qualité du produit était ce qui m’importait le plus et je me suis dirigé vers une formation agricole.

Même si cela peut demander des investissements lourds, c’est un secteur qui crée beaucoup de valeur, puisque, à partir de graines, on produit des aliments… J’ai démarré ma ferme en 2012. Ce métier très physique demande aussi un mental fort, où il est parfois compliqué de préserver son équilibre de vie, de se battre pour la qualité et le goût tout en restant rentable et accessible. Mais cuisiner de délicieux légumes reste mon plus grand plaisir, jour après jour. »

Les légumes d’Erwan Humbert sont en vente à la Ferme des Près neufs, Longpont-sur-Orge (Essonne), le samedi matin, disponibles en paniers à l’épicerie Agrology, Paris 12e, et peuvent également se déguster dans les restaurants parisiens Datil, Vantre, 19 Saint Roch, Mieux…

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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