Le chablis, un blanc de Bourgogne en pleine forme

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Le vin va mal et il est moins consommé ? Le vignoble de chablis va bien. Très bien, même. Le succès de ses ventes se confirme depuis les années 2000. Et puis son nom est si réputé qu’il est souvent synonyme de « vin blanc » à l’étranger. Cette belle santé n’a pas échappé aux propriétaires de Château Lafite Rothschild, à Pauillac, dans le Bordelais : le 10 janvier, ils ont acheté à Artémis (holding de François Pinault) le domaine William Fèvre, qui exploite en chablis 72 hectares, dont 15,9 en premier cru et 15,2 en grand cru.

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« J’ai saisi une chance. » Saskia de Rothschild, à la tête des Domaines Barons de Rothschild Lafite, confie avoir été « impressionnée » par la qualité des vins William Fèvre. Elle reconnaît que d’autres facteurs ont joué dans sa décision d’acheter cette propriété. Déjà la bonne forme du vin blanc en France – Lafite accentue déjà cette couleur dans ses différentes propriétés depuis quelques années. « Mais, surtout, j’adore le chablis », ajoute-t-elle, à propos d’une appellation uniquement composée du cépage chardonnay, qui se répand de part et d’autre de la rivière nommée Serein et traverse dix-sept communes de l’Yonne. Elle justifie même son goût : « Ce n’est pas la Bourgogne luxueuse, mais la vigneronne et familiale. »

Cette transaction se produit juste après les millésimes généreux de 2022 et de 2023, alors que, lors des trois années précédentes, les vignes ont souffert du gel, un mal récurrent dans cette région septentrionale. Depuis une trentaine d’années, ce paysage de collines et de coteaux s’est doté de divers moyens de lutte contre ce gros froid soudain, essentiellement dans les premiers et grands crus, où les enjeux économiques sont les plus élevés : des tuyaux d’aspersion d’eau chaude, des fils électriques chauffants, quand ce ne sont pas des chaufferettes, installées dans les moments les plus critiques. « Où mettre le curseur sans tomber dans la surprotection ?, s’interroge Saskia de Rothschild. L’enjeu environnemental sera en effet l’un de nos grands sujets de réflexion. »

Aléas climatiques

La Chablisienne, l’unique et excellente cave coopérative de chablis, alimentée par 250 viticulteurs, joue un rôle majeur dans cette région – elle représente quasiment un quart du vignoble. Elle aussi a été confrontée, à cause du gel, à la perte de l’équivalent d’une récolte entière entre 2019 et 2021. D’où des investissements. « Pour nous diversifier, nous avons acheté en 2011, dans les hautes-côtes-de-nuits, les 70 hectares du Domaine des Mouchottes », explique Damien Leclerc, directeur de La Chablisienne.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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