Le lys de Malabar, une beauté vénéneuse

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Ceci n’est pas un papillon. Ce n’est pas non plus une araignée. Ni une liliacée, pour laquelle il s’est longtemps fait passer. Le lys de Malabar, ou Gloriosa superba, est une colchi­cacée. Vénéneux de la tête à la racine, flamboyant comme un bijou précieux. Dans la nature, la fleur officielle de l’Etat du Tamil Nadu, en Inde, grimpe comme une liane. En vase, la fleur nationale du Zimbabwe retombe comme une traîne.

Fragile coupé, très résistant sur pied, Gloriosa superba « est un objet floral non identifié », s’émerveille Djordje Varda, directeur artistique floral de l’Hôtel de Crillon, à Paris, et aussi collaborateur du Carlton à Cannes, peu amateur des fleurs ­tropicales. Mais « le Gloriosa, c’est un peu l’exception », admet-il.

Ses étamines, longues comme des antennes, et ses tépales, ondulant comme des ailes, lui donnent « une beauté quasi animale ». Les fleuristes s’aventurent rarement à le proposer. Il ne reste glorieux et superbe que trois ou quatre jours chez le marchand. Grand maximum.

« Un centre de table charmant »

Et sa tenue – ce rouge « ni trop clair ni trop foncé », souligné du jaune de ses pétales – n’est pas si facile à assortir. Ni à d’autres rouges ni à d’autres fleurs, et surtout pas les roses. « Il n’a rien à faire avec elles, prévient Djordje Varda. En fait, il est tellement à part qu’il ne se mélange pas réellement à d’autres. » Pour éviter la faute de goût, il préfère le travailler en brassées ou, à l’inverse, seulement mélangé à quelques feuillages, des graminées ou des framboisiers.

Parfois, il calme ses ardeurs en l’entourant des rafraîchissantes boules blanches du Viburnum opulus roseum. Gloriosa superba se fait alors grain de beauté, mouche sur teint poudré. Mais le metteur en scène floral des palaces assure que le spécimen gagne aussi à se glisser dans un modeste flacon, une bouteille, un verre à pied emprunté à la vie quotidienne.

Seul ou par série de trois, de différentes hauteurs, « il constitue un centre de table charmant ». A condition d’être sûr de ses hôtes. En 2016, des chercheurs sri-lankais ont rapporté le cas d’un patient hospitalisé après avoir bu du thé à la coriandre bouillie préparé par sa belle-sœur. Elle y avait volontairement glissé quelques graines de Gloriosa superba. Le beau-frère a fini à l’hôpital général de Chilaw et elle inculpée pour homicide.

Zone de prédilection Les jardinières sous nos ­latitudes et des terres riches et bien drainées.

Entretien Déterrer les tubercules (avec des gants) à l’automne et les conserver dans un endroit sec et frais avant de les replanter au printemps.

Floraison De la fin de l’été au milieu de l’automne.

Aime Les températures entre 17 et 20 °C et être vaporisé d’eau tiède et non calcaire.

N’aime pas Les pucerons.

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